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Une définition officielle

Après des années de négationnisme des autorités sanitaires sur la réalité des effets biologiques des technologies sans fil, les symptômes sont décrits dans une définition émanant de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

« La sensibilité vis-à-vis des champs électromagnétiques a reçu la dénomination générale : “Hyper Sensibilité Electromagnétique” ou EHS. Elle comprend des symptômes exprimés par le système nerveux comme les maux de tête, la fatigue, le stress, les troubles du sommeil, des symptômes cutanés comme des picotements, des sensations de brûlure, des démangeaisons, des douleurs et des crampes musculaires ainsi que beaucoup d’autres problèmes de santé. Quelles que soient les causes, la sensibilité électromagnétique est un problème invalidant pour les personnes qui en sont affectées, alors que le niveau de Champs ÉlectroMagnétiques dans leur environnement n’est habituellement pas plus élevé que celui rencontré dans le cadre de vie normal. » [1]

L’un des auteurs du rapport établissant cette définition, Michaël Repacholi, est précisément la personne placée à la tête du département « Champs Electromagnétiques » de l’OMS entre 1995 et 2005, années cruciales d’imposition de la téléphonie mobile. Avant d’occuper ce poste, ce monsieur fut plusieurs fois engagé par des industries de l’électricité, et utilisa en outre des apports financiers provenant des industriels de la téléphonie mobile [2]. Le même monsieur est également à l’origine de la création de l’ICNIRP, acronyme anglais de la « Commission Internationale sur la Protection des Radiations Non-Ionisantes », organisation privée conseillère de l’OMS en matière de normes d’exposition des populations. La boucle est bouclée. En novembre 2006, deux ans après la publication de cette définition, monsieur Repacholi, quittant son poste à l’OMS, affirme dans la revue américaine Environment Health Perspectives, que « l’exposition du public aux niveaux de radiofréquence autorisés pour la téléphonie mobile et les antennes relais n’est pas susceptible d’affecter la santé humaine de façon négative ».

Cette définition et cette déclaration, du même personnage à un poste-clef, nous confirme le chemin sur lequel nous sommes engagé : la mise en place et l’habituation du public à une nouvelle situation sanitaire dangereuse. Elles ont pour effet de stigmatiser les voix, de plus en plus nombreuses, exprimant les effets biologiques des micro-ondes, sans remettre en cause les radiations causant le problème invalidant. L’OMS évoque à cette occasion le cadre de vie normal. Est-il réellement nécessaire de rappeler à cette organisation qu’un cadre de vie correspondant à ces termes serait totalement dénué de micro-ondes artificielles, comme ce fut le cas durant de nombreux millénaires sur cette planète ?

Si l’on comprend bien la nécessité de désigner les états physiques et les symptômes, le mot « électrohypersensible » a également la vertu de retourner la situation, et de faire porter la responsabilité des maux sur le corps marqué par les effets, évacuant totalement l’agression extérieure et le problème de société. Dans une situation où, d’un côté le grand public et le monde médical ne font l’objet d’aucune campagne d’information spécifique sur les risques, et que d’un autre côté on laisse carte blanche aux industriels pour déployer le plus largement possible leurs produits dans notre environnement, la conséquence directe évidente est une simple banalisation de la situation de ces victimes du sans-fil [3].

Gérald Hanotiaux

A suivre : L’ampleur actuelle du problème sanitaire

Lire le dossier

[1Electromagnetic Hypersensitivity, Proceedings International Workshop on EMF Hypersensitivity, Prague, Czech Republic, October 25-27, 2004. Editors Kjell Hansson Mild, Mike Repacholi, Emilie van Deventer, Paolo Ravazzani World Health Organization 2006.

[2Lire à ce sujet l’enquête du journaliste David Leloup sur Michaël Repacholi, « Téléphonie mobile : trafic d’influence à l’OMS ? », www.mediattitudes.info, 23 janvier 2007.

[3Un symptôme de ce mouvement de banalisation de l’inacceptable tient dans le fait que les médias traditionnels proposent régulièrement au collectif Dé-Mobilisation de témoigner dans des émissions télévisées, sous forme de récits de vie : « comment vit-on avec l’électrosensibilté » ? Les journalistes exposent parfois explicitement qu’il sera impossible de tenir un discours politique dans l’émission, ou de pointer les responsables du désastre de santé publique. Lors des balades électromagnétiques, nous ne sentons que peu d’intérêt médiatique, et quand un reportage fut réalisé il ne fut, au regret de l’équipe de journalistes, jamais diffusé.