Le Droit à la Ville : quelles perspectives pour un syndicalisme urbain ?
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21 novembre 2013 • Mathieu Sonck
Chez IEB, nous essayons d'enrichir nos pratiques d'une base scientifique et en même temps, nous revendiquons une lecture subjective de celle-ci. C'est cette démarche qui nous a amenés à organiser au sein d'IEB des séances de lecture collective du livre d'Henri Lefebvre intitulé « le Droit à la ville ». Ces séances ont débouché sur une tentative de réappropriation du concept de droit à la ville qui s'est matérialisé par un « Bruxelles en mouvements » mais qui a aussi alimenté notre grille d'analyse et de critique des politiques publiques à l’œuvre à Bruxelles.
(Intervention dans le cadre du séminaire de formation de la Centrale Culturelle Bruxelloise à l’intention des délégués de la FGTB.)
À ma connaissance, Lefebvre est le premier à avoir théorisé « le droit à la ville ».
Marxiste non orthodoxe, H. Lefebvre est philosophe de formation. Il se consacrera à la sociologie rurale dans les années 1940-1950 tout en élaborant une sociologie de la vie quotidienne. La sociologie urbaine proprement dite occupera ses recherches du milieu des années 1960 au milieu des années 1970. C’est précisément à la fin des années 60 qu’il rédigera le « Droit à la ville », plaçant l’urbanisation massive de l’époque sur la table des discussions scientifiques et politiques.
Il part du constat que les enjeux « urbains » avaient été jusqu’alors sous-estimés et laissés à la discrétion des techniciens et spécialistes (les urbanistes), de l’État (gestionnaire) et, bien sûr, des acteurs et du système économiques. Il était urgent que les scientifiques et les forces sociales (la classe ouvrière pour Lefebvre) s’en emparent pour faire de la « problématique urbaine » leur question.
Se réapproprier la « Ville » – par la construction d’un véritable débat public, par la construction d’un savoir scientifique digne de ce nom, par l’appropriation physique et l’autogestion de la ville – semble être l’objectif du « Droit à la ville » (1968) comme d’ailleurs des autres livres de Lefebvre sur l’urbain.
L’objet de ce séminaire étant de se doter d’outils pour construire un syndicalisme urbain, il me semble important de vous exposer quelques concepts-clés qui nous permettrons d’analyser ensuite quelques enjeux urbains d’importance pour les travailleurs comme pour les habitants :
1. Lefebvre a beaucoup étudié les rapports entre centre et périphérie, la question de la ségrégation ou l’exclusion des « prolétaires » hors des centres, l’urbanisation de la société et l’éclatement de la ville traditionnelle. Ces concepts ont été largement récupérés par l’intelligentsia. On ne compte plus aujourd’hui la production littéraire sur ces sujets. Cela ne signifie toutefois pas que les causes et explications fournies par Lefebvre soient, elles, reprises. Et, moins encore, sa démarche utopienne.
Aujourd’hui, la dynamique capitaliste analysée par Lefebvre est minimisée au point de ne plus être nommée. Les phénomènes socio-spatiaux sont aujourd’hui décrits comme étant sans origine et sans histoire ; ils apparaissent, dans la plus mauvaise littérature, comme « naturels » ou « neutres ». Alors que, selon Lefebvre, « l’espace est produit » : il est l’enjeu et le résultat d’une multitude d’actions et de stratégies qui, précisément, le produisent et en font l’histoire. Selon Lefebvre, tout savoir, digne de ce nom, sur l’espace et la ville se doit de comprendre cette production.
–> l’espace est produit, il est le résultat d’un rapport de forces...
2. Dans les années 1930, la Charte d’Athènes va développer un modèle de ville divisée en zones mono-fonctionnelles percées de puissants axes de circulation. L’urbanisme de l’après-guerre va produire les bases d’une ville gourmande en déplacements, axée sur la croissance du tertiaire et d’un habitat relativement dense qui va accélérer le désir des classes moyennes de se réfugier en périphérie. C’est l’avènement de la société post-industrielle où le bureau remplace peu à peu l’atelier et l’usine, le tertiaire le secondaire, et les tours de logement les maisons bourgeoises et ouvrières.
C’est dans ce contexte que Lefebvre écrit « le Droit à la ville ». Il y porte un regard critique notamment sur le concept d’« habitat » qui recouvre une « somme de contraintes » (« fonctions, prescriptions, emploi du temps rigides ») qui contamine l’ensemble de la vie quotidienne. Le mode de vie induit par « l’habitat » est, pour tout dire, médiocre et même misérable : « la misère de l’habitat », c’est celle de l’habitant soumis à une quotidienneté organisée dans et par la société bureaucratique de consommation dirigée. L’habitat perd toutes les qualités de la fonction anthropologique qu’est « l’habiter ».
« Jusqu’alors, ‘habiter’, c’était participer à une vie sociale, à une communauté, village ou ville. La vie urbaine détenait entre autres cette qualité, cet attribut. »
Les propriétés de l’habiter comme « la plasticité de l’espace, le modelage de cet espace, l’appropriation par les groupes et individus de leurs conditions d’existence » sont niées.
Autrement dit, la logique de l’habitat renvoie à une forme de vie quotidienne formatée – aliénée et aliénante – et résumée par le fameux slogan de 68 : « Métro – boulot – dodo ».
« Il suffit d’ouvrir les yeux pour comprendre la vie quotidienne de celui qui court de son logement à la gare proche ou lointaine, au métro bondé, au bureau ou à l’usine, pour reprendre le soir ce même chemin, et venir chez lui récupérer la force de recommencer le lendemain. »
–> la ville moderne a perdu l’art d’habiter
3. Selon Lefebvre, l’espace a été organisé, dès les débuts de l’industrialisation capitaliste, au profit de celle-ci (afin d’optimiser la production), il est désormais organisé pour optimiser les travailleurs et les consommateurs dans leur rôle. Isolés (du centre urbain, les uns des autres, du lieu de production, des autres activités humaines), travailleurs et consommateurs sont dépossédés de leur capacité à fabriquer leur environnement et leur vie quotidienne (capacité qui correspond au besoin d’« habiter »), séparés de leurs désirs de jeu et de fête (dépenses improductives), niés dans leur besoin de vie collective et d’activité créatrice, les individus sont aliénés.
Le jeu, la fête ou même la culture sont réduits à des simulacres organisés pour remplir le temps des loisirs (la télévision prenant une place prépondérante).
Le tourisme (consommation de lieu), le sport ou l’art encore sont entrés dans la consommation.
La ville elle-même est réduite à n’être qu’un produit défini par sa valeur d’échange [1].
Non seulement la ville entre dans le circuit de la production des produits (elle est un moyen de production), mais elle est elle-même réduite à n’être plus qu’un produit (qu’on consomme). Or la ville ancienne, selon Lefebvre, est une œuvre, l’œuvre de l’homme, qu’il convient de définir par sa valeur d’usage. C’est cette valeur que Lefebvre propose de reconquérir.
–> la ville est devenue un produit.
Le droit à la ville : tentative de définition
Le droit à la ville est fondé sur un programme politique radical. Se réapproprier la ville – comme les communards (contre les plans d’Haussmann) – pour se réapproprier sa propre vie et réinventer une vie collective digne de ce nom, tel semble être la ligne directrice.
Pour amorcer cette société nouvelle (la « société urbaine » proprement dite), Lefebvre affirme la nécessité d’une force politique (le prolétariat, à réinventer sans doute) et en appelle à une « autogestion généralisée ». En aucun cas le droit à la ville ne peut se réduire à la « participation ». Celle-ci n’est rien d’autre qu’une idéologie qui permet d’obtenir au moindre prix l’acquiescement des gens intéressés et concernés. Après un simulacre plus ou moins poussé d’information et d’activité sociale, ils rentrent dans leur tranquille passivité, dans leur retraite.
« N’est-il pas clair que la participation réelle et active porte déjà un nom. Elle se nomme auto-gestion. »
On ne peut dès lors comprendre le droit à la ville sans l’avoir préalablement réintégré dans la critique lefebvrienne de l’État (critique libertaire sans aucun doute).
Dans une telle perspective, le droit à la ville déborde largement le droit à accéder à la ville dans sa réalité physique. La « ville », pour Lefebvre, est un concept qui recouvre des besoins anthropologiques, une société et un mode de vie (la « vie urbaine ») riches et inventifs, des désirs de libération incompatibles avec les exigences et finalités du capitalisme. Se réapproprier la ville (avoir « droit à la ville ») signifie autant l’accès à la centralité (pour ceux qui en ont été exclus) et la suppression de la ségrégation qu’une réappropriation, et même une conquête, des qualités et valeurs associées à l’émancipation.
Ainsi, « le droit à la ville se manifeste comme forme supérieure des droits : droit à la liberté, à l’individualisation dans la socialisation, à l’habitat et à l’habiter. Le droit à l’œuvre (à l’activité participante) et le droit à l’appropriation (bien distinct du droit à la propriété) s’impliquent dans le droit à la ville ».
Est ainsi visée ici la désaliénation, c’est-à-dire une reconquête par l’homme de ses besoins et désirs via une réappropriation de son lieu de vie.
La pensée de Lefebvre aujourd’hui
Dans un livre récent intitulé « Le capitalisme contre le droit à la ville », David Harvey, géographe américain, a produit récemment une thèse se revendiquant de la pensée de Lefebvre et donnant une grille de lecture intéressante des phénomènes (ce terme est mal choisi, il pourrait être mentalement affublé du qualificatif « naturel » alors ce que n’est évidemment pas vrai) à l’œuvre à Bruxelles.
La thèse du géographe David Harvey est simple : les concentrations démographiques et géographiques que sont les villes doivent leur dynamique au besoin du capitalisme d’écouler le surproduit. Le surproduit, c’est la valeur gagnée par le capital dans le produit du travail grâce au surtravail (le travail non payé générant la plus-value).
La croissance des taux de profit et la quête de la plus-value, consubstantiels au capitalisme, mobilisent utilement le surproduit à travers l’urbanisation. La progression des infrastructures urbaines est en ce sens attachée au jeu de l’investissement et de la dette : les villes « avalent » le surproduit et sont pour le capitalisme un moyen essentiel de tirer des intérêts d’une partie de la plus-value.
En revendiquant, bien légitimement, la nécessité pour la collectivité de capter une partie de la plus-value des opérations immobilières à l’œuvre à Bruxelles, la FGTB, comme IEB adoptent une attitude sans doute trop défensive par rapport à ces questions.
Aujourd’hui à Bruxelles, Harvey a raison, la construction de logements privés,... comme celle de centres commerciaux... ou même du métro sont avant tout autre chose et sans doute exclusivement des opérations financières destinées à recycler (entendez par là générer à partir de profits non redistribués) de nouvelles plus-values. Je vous propose brièvement de nous intéresser à ces études de cas avant de conclure.
1. Si vous passez par le canal du côté du bassin Vergote, pas loin de la place Sainctelette, vous ne pouvez pas la rater, la tour ATENOR, rebaptisée « Premium », puis « Upsite ». Anecdote à propos de ces changements de noms.
Le pitch : une zone portuaire avec les entrepôts Delhaize. Un joyau architectural, à l’origine connecté au chemin de fer, avec des sgraffites attribués à Cauchie, peintre, graphiste, architecte bruxellois majeur de l’Art nouveau, une preuve qu’il fut un temps où l’on était fier de constituer un patrimoine industriel de qualité, patrons et travailleurs y trouvant chacun leur compte, sans doute pour des raisons différentes. Une digression : cela me fait penser à une valeur importante que Lefebvre attribue à la ville ancienne : la ville est une œuvre, produite par ses habitants et ses usagers...
Mi-2000, la société ATENOR achète la parcelle pour 20 millions d’euros, largement au dessus du prix du marché pour un terrain portuaire. 3 ans plus tard, la Ville de Bruxelles vote un plan particulier d’affectation du sol autorisant un changement d’affectation et imposant, fait historique, un gabarit minimal (min 100m) pour la construction d’une tour de logements ainsi que pour des bureaux. Le promoteur annonce des logements abordables (2 000 euros HTVA/m², Le Soir du 30/06/2010) et des performances énergétiques remarquables (68KWh/m²/an, soit 4 fois plus que le standard qui s’imposera à toutes les nouvelles constructions en 2015 à Bruxelles). En réalité, les prix pratiqués tournent en moyenne autour de 4500 euros/m² HTVA.
Atenor est une société cotée en bourse qui exerce une activité immobilière spéculative. Elle est incapable de se financer auprès des banques et se finance donc par le biais de prêts obligataires (qui permettent de recycler les plus-values générées par des fonds de pension, par exemple).
Atenor mène de nombreux projets immobilier d’importance à Bruxelles, parmi lesquels Trebel, Europa, City Dockx ou Victor. Ces projets se caractérisent tous par une plus-value élevée et une participation directe ou indirecte des pouvoirs publics : soit d’un point de vue règlementaire, soit carrément en tant que clients. Souvent les deux ! Ces opérations sont donc particulièrement choquantes puisqu’elles recyclent des plus-values qui auraient dû être redistribuées à la collectivité et génèrent de nouvelles plus-values qui sont facilitées, voire financées par les pouvoirs publics.
Ex. : Trebel = bureaux pour le Parlement européen. 100% de marge brute, soit 100 millions d’euros autorisés par les pouvoirs publics bruxellois et financés par les pouvoirs publics européens, dans les deux cas par nos impôts...
Atenor présente une caractéristique classique des promoteurs immobiliers : il génère des plus-values extrêmement importantes mais ne paie pas d’impôts sur les sociétés. À titre d’exemple, les comptes 2012...
Est-ce à dire qu’il serait bon de capter directement à la source, projet par projet, les plus-values générées ? Sans doute dans un premier temps, mais il faut avoir à l’esprit que cette mesure n’est que palliative et ne traite pas le mal à la racine, à savoir le mécanisme de recyclage des plus-values illégitimes du secteur financier.
2 et 3. Le raisonnement qui précède s’applique de la même façon pour le centre commercial NEO ou pour l’éventuel métro vers Schaerbeek. Dans les deux cas, une volonté publique, légitime ou non, ne pourra s’exercer que par l’intermédiaire d’un partenariat public-privé dont la principale caractéristique sera que si le projet « marche », les bénéfices seront privatisés et s’il s’avère être un échec, les pertes socialisées...
Quant aux effets sur le territoire de ce type de projets, comme pour la tour Atenor, je vous invite à en parler cet après-midi avec Mathieu Van Criekingen, géographe spécialiste de la question de la gentrification.
Conclusions
Ce qui précède est l’ébauche de ce que pourrait être une clé permettant de construire un syndicalisme urbain qui dépasserait le simple droit des travailleur à pouvoir vivre là où ils travaillent. Cette clé de lecture autorise le travailleurs et les habitants à se réapproprier des discours disqualifiés par la chape de plomb idéologique qui paralyse nos gouvernants mais aussi de se réapproprier des pratiques qui permettraient d’éviter aux dirigeants syndicaux de se sentir obligés d’adopter une posture pragmatique de co-gestion du système capitaliste.
Le droit à la ville est consubstantiellement anti-capitaliste.
Exercer son droit à la ville passe immanquablement par cette difficulté de penser la ville sur un temps long tout en étant sans cesse rappelé aux contraintes du temps court :
- S’opposer à une tour de logement de luxe, gated community qui tue l’urbanité, ou capter la plus-value des promoteurs ?
- Renoncer à la construction d’un mega-centre commercial et ses logiques mortifères de consommation et qui, pour citer Baudrillard, ne fait que « satisfaire les besoins de l’ordre de production, et non les besoins de l’homme » ou plutôt se réjouir de Neo, qui d’après ses promoteurs, pourrait créer 3 000 emplois (phase de construction comprise) ?
Exercer son « droit à la ville » impliquerait-il forcément de la casse sociale ?
Pas dans la ville de Lefebvre, en tout cas. Rappelons le sens que donnait Lefebvre à l’art d’habiter :
« Dans les villes d’autrefois, les espaces n’étaient pas spécialisés. Par exemple, la place du marché était aussi une place de rassemblement, sur laquelle le peuple venait exprimer ses opinions et ses décisions politiques quand il était consulté. »
Alors, l’art d’habiter ne passerait-il pas par la réappropriation politique des espaces urbains avec un idéal d’autogestion du territoire par ses habitants ? En attendant que cette utopie ne devienne réalité, en commençant par le niveau politique local, il s’agira de lutter pied à pied avec les thuriféraires de la valeur d’échange.
Selon nous, cette lutte ne peut s’arrêter à la revendication de la captation de tout ou partie de la plus-value générée par telle ou telle opération immobilière mais elle doit s’affranchir des contraintes de la « main invisible du marché » et œuvrer pour une réappropriation collective du foncier urbain au nom de l’intérêt général...
Que faire alors du droit à la ville ? Que voulons-nous en faire ? Et qui est ce « nous », porteur de la revendication ? Peut-on lui donner un contenu et une force suffisamment subversifs pour contrer les usages réactionnaires et la logique libérale qui l’emploient également ?
Entendons-nous bien, quand je parle d’usages réactionnaires du droit à la ville, je ne vise pas la FGTB ! Mais bien les pouvoirs publics qui, sous couvert de promotion de la participation, de la mixité sociale, des nécessaires rénovations urbaines,... augmentent la dualisation de la ville. Je parle aussi des fédérations patronales qui confondent aisément droit à la ville avec une vision utilitariste de celle-ci à la seule fin de la perpétuation du capitalisme.
Alors, comment allons-nous construire ensemble le droit à la ville – dans sa version émancipatrice, celle d’inspiration lefebvrienne – contre le droit à la ville – dans sa version conservatrice ?
Il me semble qu’à ce stade du développement du syndicalisme urbain, se saisir du droit à la ville dans toute sa complexité est une question centrale qui pourrait guider nos projets futurs...
[1] Valeur d’usage : Tout objet que l’on utilise a par définition une valeur d’usage. N’importe quel objet peut avoir une valeur d’usage, qu’il soit marchandise ou non : un couteau du commerce ou un silex taillé soi-même reste un objet avec une valeur d’usage pour son utilisateur. C’est l’utilisation qui la lui confère, dit autrement, « La valeur d’usage n’a de valeur que pour l’usage et ne se réalise que dans le procès de la consommation ». En revanche, toute marchandise possède une valeur d’usage, puisque c’est la condition première pour qu’elle intéresse des acheteurs.
Valeur d’échange : Depuis le troc primitif jusqu’à la société marchande d’aujourd’hui, des objets ont été échangés couramment. Si l’on prend le cas moyen d’un échange équilibré, il existe donc une grandeur commune entre les deux objets que l’on échange. Plus généralement, il existe une grandeur commune à toutes les marchandises échangeables sur le marché, grandeur qui se matérialise dans leur étalon commun : l’argent. Cette grandeur est la valeur d’échange.