Les tours d’ivoire d’aujourd’hui et les terrils fumants de demain
https://www.ieb.be/14862
26 août 2013 • Marco Schmitt,
Mathieu Sonck,
Nicolas Prignot
Dans le Quartier Léopold, au quartier Midi ou tout le long du canal, les opérations immobilières basées sur la destruction d’un patrimoine existant au profit de nouveaux bâtiments se multiplient à un rythme qui ne semble convenir qu’aux promoteurs immobiliers.
Comme dans les campagnes publicitaires de quelconques boissons énergétiques joviales, poudres à lessiver miraculeuses ou voitures qui tirent des fusées, elles se parent de toutes les vertus environnementales alors que leur coût énergétique véritable est passé sous silence.
L’outil que nous avons mis au point nous apprendra à évaluer un « bilan carbone » plus proche d’une réalité qu’il nous appartient de considérer avec attention. Cet instrument est tout neuf, il est apparu dans un contexte urbain dense qu’on envisage de bouleverser à nouveau en le densifiant davantage.
En permettant de clarifier avec simplicité des situations énergétiques parfois très complexes, il devrait nous permettre d’observer avec attention l’autre face de la médaille, à savoir comment nous répondons conjointement à la demande sociale d’aujourd’hui et à la nécessaire performance énergétique du bâti, comment nous dépensons ce qu’il faut d’énergie pour y parvenir tout en investissant pour l’avenir. Cela pose bien évidemment la question de la convertibilité de ce qui a été construit un jour en anticipant une nécessaire évolution des usages.
En regard de la forte croissance démographique du territoire bruxellois et de l’inefficacité structurelle du marché du bureau, faut-il construire plus de bureaux encore dans le quartier européen en démolissant d’autres bureaux pourtant récents et en en vidant encore d’autres ailleurs ? Ou alors faut-il bâtir plus de logements sociaux y compris dans le Quartier Léopold sans devoir démolir ce qui existe déjà ?
Ne nous voilons pas la face, les marqueurs urbains qui ont la tête dans les nuages, c’est peut être bien pour promouvoir Bruxelles à l’étranger. Répondre aux besoins de ceux qui habitent encore le territoire parfois les pieds dans la gadoue est sans doute plus utile surtout en période de crise du logement. Plutôt que de chercher un ailleurs toujours différent, il est peut être préférable de nous poser avec plus de circonspection la question de ce qui peut durer, au risque, sinon, de construire aujourd’hui ce que seront les terrils de demain.