Les zadistes, qui occupaient depuis plus d’un an l’ancienne sablière de Schoppach, près d’Arlon, pour la protéger de la bétonisation ont été expulsés ce lundi. Voici l’une des réactions écrites suite à l’évènement :
Un matin avant le printemps, 150 hommes casqués en uniformes appuyés par des engins lourds ont pénétré une forêt. Ils ont arrêté neuf personnes qui y occupaient des cabanes, habitaient la forêt depuis plusieurs saisons, tentant de protéger une parcelle de terre promise à la destruction. Le potentat local se félicite vis-à-vis de son monde en déclarant qu’heureusement il n’y a pas eu de blessés lors de l’opération.
Il n’y a pas eu de blessés. Quelle ampleur prendra la mort sur le terrain maintenant sécurisé ? Mort contenue dans l’arrachage des fougères, une des plantes les plus anciennes de la planète. Dans l’assèchement des mares. L’abattage des conifères, des chênes et des bouleaux. L’enterrement des cabanes. L’impossibilité définitive de nidification. La disparition des hiboux, des coccinelles. L’anéantissement d’une communauté humaine appliquant la démocratie directe, le respect du milieu naturel, l’hospitalité et l’égalité émancipatrice. La liquidation d’efforts et de l’imagination de centaines de sensibilités, d’une multitude d’actes de soin et de créativité. Le piétinement de l’humus et l’humiliation de l’horizon. La destruction la forêt est symptomatique de la défaite de l’esprit. Chaque arbre est une blessure potentielle. Contre la mise à mort permanente du vivant, habitons les territoires du désir. Que chaque arbre soit une promesse.