Nous sommes le 15 avril 2012, Villo fonctionne dans les communes de la seconde couronne, même si l’achèvement de la phase 2 n’a pas pu parachever le maillage complet de la première couronne.
D’Yser à la chaussée de Mons, l’opérateur a d’abord vidé, puis démonté ses stations, argumentant que le vandalisme rendait impossible de maintenir ce couloir de 15 stations. Les utilisateurs qui se rendent outre-canal rencontrent des difficultés à déposer leur vélo à destination tandis que les stations situées au-delà sont depuis lors très peu fournies.
Le maillage incomplet du réseau Villo constitue le plus grand frein à son utilisation. Depuis 2012 et l’extension accélérée à la seconde couronne, le nombre des locations n’a guère évolué. Si, il y a deux ans, le maillage souffrait des retards de permis d’urbanisme, aujourd’hui les trous dans le réseau semblent acquis : à certains endroits, il ne serait plus possible
d’exploiter (pour cause de vandalisme), à d’autres, parce que les stations sont moins visibles, l’opérateur se contente de stationner des Villos en piètre état, réduisant ainsi leur succès pour finalement les déclarer inutiles. Suite à de longues discussions qui ont monopolisé les deux fonctionnaires présents au Comité de Gestion, de guerre lasse, il a été admis que ces stations saccagées ou sous-utilisées soient démontées au profit du renforcement de celles situées aux importants nœuds de communication (Gare Centrale, Simonis, Arts-Loi) ou de passage (Delta, Van Praet, Drogenbos...). Les surfaces d’affichage devant être respectées, certaines stations ont pris des dimensions incroyables par rapport à leur usage, tandis que des demi-
stations équipent maintenant les centres sportifs, écoles et campus. On est en droit de se demander si ces modifications améliorent le service ou servent à optimiser l’affichage publicitaire.
Malgré l’optimisme des analyses du Cabinet du Ministre de la Mobilité, le nombre de locations ne colle pas à l’objectif de mobilité initial. On croise sur Villo une majorité de visiteurs étrangers, pour de petits trajets, et peu d’usagers en déplacement utilitaire. Le Vélo en Libre Service bruxellois sert-il vraiment le report modal ? Difficile d’y répondre, puisqu’on ne sait pas mesurer si les nouveaux utilisateurs étaient effectivement non-cyclistes auparavant. De même, le pourcentage élevé d’utilisation des cartes de crédit montre que son public est majoritairement aisé. Enfin, les usagers mineurs ne peuvent souscrire directement à un abonnement Villo, ce qui freine l’accès du jeune public. Permettre à tout un chacun de s’essayer à la cyclo-mobilité était pourtant l’objectif principal.
Au vu des rapports enfin disponibles, la Région est-elle vraiment satisfaite de ce service qui à bien des égards reste partiel ? Le pouvoir politique voudra-t-il questionner l’efficacité de ce qui devait offrir « une vraie visibilité au vélo à Bruxelles comme alternative à la voiture et comme complément à l’offre en transport public » ? N’est-il pas temps de revoir ce Partenariat Public-Privé qui n’a pas pu atteindre un vrai niveau de service public ?
Il y avait pourtant des alternatives à envisager, comme supporter sur fonds publics le prix relativement faible d’un VLS. Comme le faire opérer et financer par l’imminente Agence Régionale de Stationnement, et
pourquoi pas en utilisant le savoir-faire de la STIB. Il existait aussi une possibilité moins orientée vers la marchandisation du service public : à l’instar du succès des Points Vélo dans les gares du royaume,
développer le VLS bruxellois sur base d’un projet d’économie sociale, pour lequel une place et une demande existent.