Je ne sais pas vous, mais moi quand j’étais petit, je rêvais d’être un bagage
Je ne suis pas fou, mais bien averti, car pour rêver il n’y a point d’âge
Au premier carrefour de ce voyage, j’ai croisé ma mère patrie
Capricieuse et tolérante, je crois bien qu’on l’appelait Marianne
Au premier regard j’ai su qu’avec elle je ferai ma vie
J’ai pris ma décision sur un coup de tête, appelle-moi Zinedine Zidane
Quand l’amère patrie me fatigue, je n’ai d’autre choix
Que de me réfugier dans ma résidence secondaire
On y danse, on y chante, quitte à y perdre la voix
Même quand on ne trouve pas grand-chose dans ce foutu frigidaire
Grande Comore était son nom, Ngazidja pour les anciens
J’sais pas si elle est canon, en tout cas moi elle me plaît bien
On y mange bien chez elle, pas de doute, c’est la meilleure cuisine du monde
Je suis un peu chauvin, j’avoue, mais j’veux pas qu’elle pense que je la trompe
Mais comme je ne suis pas sectaire, je continue de me perdre
J’ai atterri à Dakar, pour avoir de nouveaux (re)pères
J’ai fait face à la part sombre des Hommes, je ne m’étais point gouré
J’ai trouvé refuge dans la voix de Lennon, pour affronter Gorée
Du coup je me suis replongé dans les écrits de tous ceux qui me traitaient de nègre
Ils répondaient aux noms d’Aimé Césaire, Senghor ou Dany Laferrière
À cause d’eux je rêve de devenir l’ami noir de Marine Le Pen ou Nadine Morano
Pour leur dire que leur flot de haine, ça rend un peu parano
J’ai grandis là où le cancer est sponsorisée par Coca
Là où le racisme est VIP sur Cnews
Là où la précarité s’installe au calme
Normal que tous mes slams chantent le blues
Dans cette solitude
Je peux être le plus grand des gamins, au petit jeu de l’ego
Quand j’oublie mes racines, j’en oublie même les autres branches
Brique par brique, je me réfugie dans la forêt de l’indifférence
Quand je pense que ma voix ne trouvera pas d’écho
Alors pour combattre cette idée, j’ai dû me faire violence
Ce n’était pas aisé de le faire, quand on vient de cette sous-France
Mais moi j’aime pas les excuses, pour affronter cette atmosphère
Au clair de ma plume, mon ami stylo m’éclaire
Avec lui
J’ai compris qu’être subversif, c’était parler de partage
De se donner en sourire
De partager nos souvenirs
J’ai compris qu’être positif, c’était faire preuve de courage
Quitte à sampler des thèmes
Pour effacer nos haines
J’ai compris qu’être créatif, c’était refuser d’être sage
Mais d’aimer se décrypter,
Et déchiffrer de nouvelles cités
J’ai compris qu’être actif, c’était savoir tourner des pages
Comme celle de la nostalgie,
Pour mieux repartir en voyage
Alors,
Je ne sais pas vous, mais moi depuis que je suis grand, je suis devenu une valise
Je ne suis pas fou, j’kiffe juste mon temps, vu que mon rêve se réalise.
2023, besoin d’une nouvelle soute
Le slam mon cheval de Troie, pour tamiser mes doutes.
Allez viens je t’emmène dedans, ici les mots entrent en scène
Que tu sois de Gand, de M’béni ou d’Épinay-sur-Seine
Allez viens je t’emmène au vent, loin des tumultes obscènes
Loin des mots dissonants et de leur larsen