Ce 14 novembre 2010, malgré le week-end prolongé et un temps à ne pas sortir sans une tenue d’homme-grenouille, la balade électromagnétique du Collectif Démobilisation a attiré une trentaine de participants, curieux et intéressés par la problématique du rayonnement des antennes-relais malheureusement encore trop méconnue et/ou sous-estimée.
Soutenu par Inter-Environnement Bruxelles, le Collectif Démobilisation n’en est pas à ses premiers pas. En 2009 déjà, ce groupe citoyen avait organisé la première balade électromagnétique à Saint-Gilles, provoquant au passage une petite onde de choc au parlement bruxellois. Cette action avait également attiré de nombreux habitants et journalistes dont la curiosité fut piquée au vif. Bien que les échos de la démarche fussent positifs, force est de constater qu’un an plus tard la situation bruxelloise n’a pas changé voire... s’est dégradée.
L’application de la nouvelle ordonnance relative aux rayonnements électromagnétiques déçoit. La méthode utilisée par l’IBPT (Institut Belge en charge des Postes et des Télécommunications) et les valeurs calculées ont servi de référentiel à l’élaboration de l’ordonnance. Celle-ci visait la réduction du rayonnement à l’immission [1]. Entre-temps, l’IBGE a revu la méthode et le résultat est déconcertant. Les valeurs nouvellement mesurées sont de loin inférieures aux valeurs précédentes... sans avoir changé quoi que ce soit aux antennes.
Après le premier choc de la balade de Saint-Gilles, le groupe de joyeux trublions a été recontacté il y a peu par la commune d’Auderghem. Celle-ci s’est montrée intéressée par la démarche du collectif et, soucieuse de stimuler le débat sur son territoire, a accepté volontiers l’organisation d’une balade électromagnétique. Ainsi, l’initiative citoyenne a gagné les rues d’Auderghem pour mesurer le rayonnement des antennes gsm tout en discutant de sujets liés à cette pollution invisible.
L’actualité politique et législative, les impacts sociaux et sanitaires ainsi que les aspects éthiques (contrôle social, disparition des frontières entre vie privée et professionnelle, géolocalisation) ont été abordés et furent l’occasion d’échanger les expériences et points de vue avec les participants. Des relevés, bien qu’effectués à titre indicatif par trois appareils de mesure différents, ont tous indiqué des valeurs préoccupantes dépassant ponctuellement la norme bruxelloise (3V/m) et systématiquement les valeurs préconisées par les scientifiques indépendants (0,6V/m).
Il est à noter que les résultats observés correspondent à ceux qu’avait également obtenus la commune via un expert indépendant. Même s’ils n’ont pas de valeur officielle, ces chiffres rappellent la nécessité de s’emparer du problème et de diminuer l’intensité des rayonnements électromagnétiques à la source.
La projection du film « Full signal », conclusion de cette action atypique fut l’occasion d’entendre le vécu d’Auderghemois mais aussi de l’administration communale et ses difficultés de pouvoir agir dans le cadre légal bruxellois.
L’objectif de l’ordonnance visait la réduction réelle de l’intensité des antennes via la diminution du seuil de tolérance à 3V/m mais le but n’a pas été atteint. Il paraît logique de réviser l’ordonnance et d’imposer la valeur préconisée par l’étude bio-initiative : le 0,6V/m et ce, à tout moment de la journée. Un contrôle régulier, aléatoire et non annoncé est le seul garant du respect de ces valeurs.
Et tant que la Région n’appliquera pas une politique ambitieuse visant une réduction réelle de l’intensité des antennes-relais, nous invitons les habitants à agir à leur niveau.
Comment ?
L’initiative du Collectif Démobilisation est un exemple, certes isolé, mais qui gagnerait à se développer à l’échelle régionale. Il ne tient qu’à chacun de s’inspirer de cette démarche ou de réfléchir à d’autres approches pour faire de Bruxelles une ville exemplaire mais surtout, agréable et saine à vivre.
ERWAN MARJO
[1] L’immission exprime la réception de radiations par un environnement, ici, le champ d’exposition des riverains.