Alors qu’on continue aujourd’hui à produire des tours mégalomanes qui n’auront pour conséquences que de vider plus de bureaux ailleurs, que faire des des bureaux vides à Bruxelles ? Les transformer en logement, ou équipement collectif n’est pas simple, mais c’est néanmoins réalisable dans certains cas, qu’il s’agit de favoriser.
Bien que le logement (de luxe) soit devenu bien souvent aussi rentable que le bureau, la demande pour ceux-ci n’est pas extensible à l’infini. Et face au logement social, le bureau reste un investissement autrement plus rémunérateur… Il est donc important aujourd’hui en premier lieu de rendre la construction de bureaux de moins en moins intéressante fiscalement et économiquement, en augmentant par exemple les charges d’urbanisme pesant sur ce type de projets.
Mais ce que les chiffres de changement d’affectation et de requalification montrent clairement, c’est aussi que la manière dont sont construits les bureaux influence fortement la possibilité de les transformer. Qu’il s’agisse des hauteurs sous plafond, des profondeurs, de la manière dont sont organisées les circulations sur les étages, ou encore les accès, la sécurité incendie, tout cela a un impact important sur les possibilités de reconversion.
Beaucoup de maisons de maître ont été transformées (légalement ou pas) en bureaux, il est temps de leur rendre leur fonction initiale.
Il est donc urgent aujourd’hui de reconvertir les bureaux qui peuvent l’être, et de déplacer l’activité de bureaux dans les lieux existants qui ne se prêtent pas à la reconversion. Beaucoup de maisons de maître on été transformées (légalement ou pas) en bureaux, il est temps de leur rendre leur fonction initiale. Mais il pourrait en être de même de certains ensembles de bureaux qui pourraient aujourd’hui accueillir une mixité de fonction.
Enfin, il nous semble important aussi de penser à l’avenir des bureaux construits aujourd’hui. Même si nous préférons un moratoire sur la construction de nouveaux bureaux, si on en construit aujourd’hui, alors il vaut mieux que ces constructions nouvelles intègrent directement leur possibilité de reconversion, plutôt que de construire sur le mode de l’obsolescence programmée.
Il y a quelques exemples intéressants à Bruxelles. Citons tout d’abord l’immeuble « Beau Site », un immeuble de bureau des années 60 de près de 1 400 m² reconverti en 7 logements, dont 5 de grande taille. Plusieurs immeubles de la chaussée de Charleroi ont également transformé les bureaux situés aux étages en logements, tout en conservant du commerce au rez-de-chaussée. On en trouvera également dans le centre ville, là où la fonction administrative diminue. Une rénovation au coin de la rue de l’étuve et de la rue des Bogards a ainsi permis de convertir 9 000 m² de bureau en logements.
Rue de la Loi 42, on trouve une rénovation et reconversion partielle, avec adjonction de trois niveaux de logements. On a donc rénové le bâtiment, transformé les étages supérieurs en logements, et ajouté ensuite des modules préfabriqués par dessus. Cela a permis la création de près de 600 m² de logements.
Mais il n’y a pas que le logement qui est envisageable. On connait l’immeuble situé sur l’avenue de la couronne, et qui a été transformé en maison de repos. Il est le premier immeuble de bureaux reconverti de la Région... et pour cause, il n’a même jamais été occupé par des bureaux !
Deux écoles sont également notables : La Cambre (arts visuels, avenue Louise) et Saint-Luc, place Morichar. Les deux bâtiments étaient trop profonds que pour y construire du logement, mais la fonction d’école leur conviennent parfaitement. La transformation des bureaux en l’école de La Cambre n’a d’ailleurs requis qu’un simple décloisonnement.