Inter-Environnement Bruxelles
© IEB - 2021

Texte dépareillé

© Andreas Stathopoulos - 2023

Je dépareille.

Je suis dans l’écrit.

Et j’écris pas.

J’écris pas pareil.

Jamais pareil que maintenant.

Et pourtant maintenant tout me revient. Tout m’est toujours revenu de l’écriture d’avant puis celle d’après.

Tous ces pareils qui se mêlent aujourd’hui. Ces pareils d’avant et ceux d’aujourd’hui.

J’écris pas pareil parce que j’avance. Je suis dans un trajet. Dans le trajet de l’écrit. Un écrit n’est jamais pareil et pourtant c’est aussi toujours la même chose.

On est pareil.

On travaille dans le dépareillement. On est pareil depuis les premiers dépareillements.

D’abord j’écris pareil mais avec la bouche. Avec les mains. J’écris dans ma tête lorsque je trace.

La petite bande des écrits les doigts et l’écrire bien qui vient dans du pas-nous.

Poème-brouillon pour préparer le son de la pensée qui vient dans l’écrituré.

Nous déparlons depuis la mort de nous.

La poésie est une petite bande et nous écrivons à partir de là.

Nous écrivons depuis nos mains depuis la petite bande des doigts qui vient parler dedans nos bouches.

Car la poésie vient dans la bouche pour faire parler les dehors.

La poésie c’est la petite bande qui vient des dehors par la bande des morts et nous écrivons. C’est-à-dire nous traçons nous éructons nous gesticulons nous dessinons nous verbigérons nous peignons des langues vers les dehors.

Puisque la poésie c’est animer la petite bande en nous.

La bande des écrituries depuis des parlers qui sont venus mourir en dedans de nous.

Et la poésie c’est cette petite bande des morts qui nous pousse à vivre à l’air libre de l’écrit pour parler dans les petites langues en nous, car la poésie c’est les petites langues qui parlent à l’intérieur de nos bouches.

La poésie c’est le vide qu’il y a dedans nos bouches car on ne pourrait pas écrire sans le vide.

Si dedans n’était pas vide on ne pourrait rien faire que se taire et laisser tout le parler nous remplir.

On pourrait que papoter et la poésie ça n’est pas que papoter, la poésie c’est se taire aussi.

C’est se taire dans tout le papoter.

La poésie c’est faire du papotaire contre tout ce qui veut nous parler.

La poésie c’est faire un gros trou de papotaire dans tout ce qui voudra toujours parler sans nous.

Petite bande est dans les doigts.

Petite bande c’est la main dans laquelle poussent des morts qui viennent dans des doigts non-nôtres.

Nous sommes avec les doigts non-nôtres qui s’agitent depuis la bouche non-mienne. Nous parlons depuis un non-nous fait des morts nonnôtres avec une bouche non-mienne.

Nous ne sommes pas nous-mêmes à parler les langues mortes sauf à faire ressortir depuis les dedans des écrits qu’on trace sur les mains et la bouche.

Le parler est une bande qui parle. Le parler est dans les doigts non-nôtres qui viennent dans l’intérieur de nos bouches. Nos petites bouches écrivent depuis les morts qui poussent dans les mains qui s’agitent depuis dehors pour nous écrire vers dedans. C’est nous qui écrivons en dedans pour que se dessine le poème qu’on entendra dehors.

Écrire depuis la main la bouche.

Écrire depuis la bande des parlers qui passent.

Écrire depuis les voix mortes qui poussent de
partout.

Ça pousse depuis dehors et ça va vers nous. C’est un nous dans l’écrit dessiné. Un nous dans le peint le dessin et l’écriturien qui sortent par la bande. La petite bande des écrits et parlers morts qu’on fait vivre en poèmes.

Nous écrivons depuis la tête qui parle en nous. La tête et les membres. Nous écrivons depuis la bouche et les doigts dans les mains. Nous poussons dans l’écrit depuis les morts qui parlent de partout. Ça pousse à sortir dans les langues qui traversent le vivant par l’écrit le parler le dessiné. Nous écrivons des poèmes délabrés. Nous dessinons depuis les littératuées qui sortent de nous par la bande. La petite bande des poèmes qui nous sort de partout.

J’écris depuis la mort de nous. La mort en bande dans les paroles qui viennent nous mourir dans l’écrit. J’écris depuis la mort de moi qui bande dans les doigts. J’écris depuis la bouche et les mains non-miens. J’appartiens aux langues mortes miennes qui viennent de dehors. Le dehors vient dedans pour sortir mes écrits des organes. Tous les organes veulent sortir du corps quand je parle.

Petite bande est dans les doigts. Petite bande est la main. Petite bande c’est les morts qui nous poussent dans la main. La main pousse dans la bouche aussi avec la petite mort. Toutes les paroles viennent nous mourir dedans. Petite bande est la lutte contre les parlers morts en nous qui viennent des dehors.

Comment écrire avec les mains. On ne peut pas vraiment écrire hors du dressage. On a dressé nos mains. On nous a dressé les mains pour l’écrire-bien. C’est dans l’écrire-bien qu’on vit avec nos mains. Nos mains remplies de morts et nous dressés à remplir l’écrire-bien. On remplit l’écrit de notre adresse. Nous nous adressons aux morts en parlant dans l’écrire-bien. Mais les morts entendent rien. Ou bien c’est nous. C’est nous qui pipons rien. On pipe rien des morts qui peuplent nos mains tout ça à cause de l’écrire-bien.

La poésie veut faire un gros trou dans tout ce qui parle en nous.

La ville en vers