Les 18 et 19 juin derniers se tenaient deux réunions d’information à destination des habitants et commerçants du quartier Stalingrad-Lemonnier au sujet de la future station de métro « Toots Thielemans » ( anciennement « Constitution »). Faisant suite à une réunion d’information annulée le jour même en 2016, ces réunions n’ont été annoncées via toutes-boites que dans un périmètre restreint et seulement 3 jours avant leur tenue.
La STIB, le ministre de la mobilité Pascal Smet et le bureau d’étude Stratec étaient présents pour exposer aux riverains, de façon (trop) technique, les changements par rapport à la première mouture du projet (lire notre article : « article 32777 »). La disparition de la station Lemonnier au profit d’une nouvelle station unique tram-métro est abandonnée. La nouvelle station de métro serait désormais reliée à la station de tram existante par un tunnel souterrain.
Le bureau d’étude Stratec, ayant réalisé l’étude d’incidence qui accompagnera la demande de permis d’urbanisme, a souligné que la mise en œuvre du projet entraînera des impacts très importants sur la mobilité dans le quartier et sur le commerce.
L’absence de représentants de la Ville de Bruxelles aux deux réunions n’était pas pour rassurer les riverains, craignant une mauvaise gouvernance et un enlisement des travaux ayant des conséquences catastrophiques pour le quartier. Si la STIB a pris des mesures suite aux recommandations du bureau d’étude pour limiter l’emprise des chantiers en surface, l’avenue de Stalingrad serait tout de même éventrée pour une durée de minimum de deux ans et en proie à un important charroi de camions.
Alors que l’avenue Stalingrad vient d’être rénovée récemment dans le cadre du contrat de quartier Rouppe, les longs et lourds travaux nécessaires pour le métro entraîneront des risques d’expropriations et d’asphyxie des commerces de l’avenue.
Malgré ces risques, le soutien apporté aux commerçants pendant les travaux ne fut abordé que sous un angle marketing et événementiel visant à faire des chantiers « the place to be », à renfort de palissades « funky » et d’organisation de marchés thématiques, sans aucunes garanties données sur la gestion raisonnée des nuisances ou sur le maintien de la morphologie socio-économique du quartier actuel.
De mobilité, il en fut très peu question. Le débat sur la nécessité de cette nouvelle ligne de métro et sur ses conséquences étant jugé clôturé par le gouvernement régional qui confirme une décision du gouvernement précédent. Pourtant, par le passé, nombre de projets ayant obtenu un accord du gouvernement ont entre temps été abandonnés : tramification du bus 71, tram pour Tour et Taxis, tunnel sous la Place Meiser,… Et si la STIB a justement pointé que le projet améliorera l’accès direct au centre-ville pour les habitants de Schaerbeek et Evere, pas un mot n’a été prononcé quant aux nouvelles ruptures de charge que le métro entraînera pour les habitants de Forest et de Uccle.
L’enquête publique sur le permis d’urbanisme de cette station Toots Thielemans est programmée pour la fin de l’année 2018. Alors que l’ensemble de la ligne de métro fera l’objet d’un « hypersaucissonnage » avec minimum 5 demandes de permis distinctes, IEB continue de demander que soit menée une étude d’incidence portant sur la globalité du tracé qui puisse notamment analyser l’impact budgétaire et socio-économique du métro, ses « coûts-bénéfices » pour la mobilité régionale, les nombreuses alternatives possibles ainsi que la réorganisation du réseau de surface envisagée.
Lire la présentation de la STIB : https://api.metro3.be/sites/default/files/2018-06/fr_toots2.pdf.