Inter-Environnement Bruxelles
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Se déplacer, dans sa ville ou dans le monde

Une activité aussi élémentaire que se déplacer est devenue totalement aléatoire. Comment prévoir la qualité de l’air ambiant ? Comment imaginer les possibilités de sommeil là où nous sommes invités, que ce soit à la campagne, au littoral ou dans les montagnes ?

Au début, partir à la campagne animé par l’espoir d’un peu de répit, signifie la déception lors du constat d’un signal important au milieu de la prairie ou du bois. Partir en voyage signifie toujours s’interroger sur l’incontournable inconnue : les antennes de téléphonie mobile seront-elles un peu, beaucoup, passionnément ou à la folie proches de l’hôtel ? Cet établissement sera-t-il dénué de wi-fi ? Nous devrons désormais hésiter à nous confronter aux environnements inconnus. Voyager signifie toujours s’armer de cachets de somnifères pour avoir l’assurance d’un séjour plus ou moins vivable, cependant marqué par l’agression chimique, couplée à l’agression électromagnétique.

Déplacer son lieu de sommeil dans sa ville, en fonction de rencontres intimes par exemple, est également difficile à réaliser : à quel point sera saturé l’air du logement de la personne rencontrée ? Oserons-nous demander le débranchement du wi-fi ? Les colocataires éventuels seront-ils d’accord ? Par ailleurs, si cela avait un sens il y a encore un an ou deux, cela en vaut-il la peine lorsque nous constatons, avec désespoir, l’existence de 10 ou 15 réseaux s’entrecroisant au sein de la pièce ? En parler ou cacher notre état ? L’interrogation est permanente pour éviter les discussions longues et pénibles, et les éventuelles incompréhensions, voire parfois pour éviter l’impression de devoir se justifier, un comble dans notre état d’agression permanente.

Fuir, partir, bouger... Au début du problème nous voulons sans cesse sortir, quitter par exemple le café où nous avons rendez-vous, où le wi-fi est fièrement renseigné comme gratuit. Sortir pour aller voir si la situation est meilleure dehors, avec un signal électrique moins présent, constater que non, tenter un autre lieu pour trouver un endroit sain. Avec le temps, bien obligés de constater l’inexistence désormais d’endroit sans rayonnement de micro-ondes, il nous est nécessaire de nous accrocher pour tenir, avec la certitude d’une vie sans doute écourtée. En effet, la violence ressentie au plus profond du corps n’annonce sans doute rien de positif au sujet de la santé globale sur le long terme.

Pire encore, les jours où le moral n’est pas au rendez-vous, la mort apparaît telle une sorte de potentiel soulagement physique, le seul dans une société où les nécessaires mesures sanitaires ne semblent nullement d’actualité.

Gérald Hanotiaux

A suivre : En société

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