Les prisons bruxelloises sont régulièrement dénoncées comme obsolètes et délabrées, des lieux de violences où les détenus s’entassent dans des cellules sans hygiène. La perspective de l’arrivée d’une nouvelle prison, spacieuse et très moderne pourrait dès lors être perçue comme une idée salvatrice qui résoudrait enfin les problèmes épouvantables liés aux conditions de détentions actuelles. La réalité risque d’être très différente.
La petite entité de Haren, capitale du chicon, à la limite de Diegem et de Machelen, a été désignée pour accueillir ce tout nouveau complexe qui devrait sortir de terre en 2016. Se pose d’emblée la question du choix d’implanter la plus grande prison de Belgique dans un quartier si loin de la ville et de son palais de justice, un lieu si peu accessible en transport en commun et déconnecté de tout service.
Par ailleurs, les habitants de Haren s’interrogent sur l’arrivée de ce grand pénitencier qui refermera ses portes sur 1190 prisonniers et prisonnières, sur un terrain enclavé et survolé jour et nuit par les avions. Ils déplorent également la disparition du dernier espace naturel et sauvage qui leur offre encore une liaison avec Diegem par l’historique chemin du Keelbeek.
Le tout nouveau centre carcéral, déjà présenté comme novateur, est censé permettre l’évacuation des prisons de Saint-Gilles, de Forest et Berkendael. Or beaucoup de professionnels du secteur pointent déjà les dérives d’un tel scénario, comme la concentration d’un trop grand nombre de prisonniers sur un même site, l’ultra modernisme des conditions de détention qui se traduit par des lieux aseptisés, vides de relations et de contacts humains. Ces nouvelles structures, dont le modèle existe déjà ailleurs, n’apportent hélas pas de solutions miracle à long terme et ne mettront pas fin au problème de surpopulation actuel. L’option de rénover les prisons existantes ne semble guère au programme, par ailleurs l’avenir de ces sites reste aujourd’hui d’ordre confidentiel, mis au secret. Les enjeux sont pourtant de taille dans des communes où les terrains sont chers, contrairement à Haren, quartier rural déjà désigné « village pénitentiaire », condamné à la perpétuité.
Ce dossier n’explore pas toute la complexité de l’univers carcéral dans son ensemble mais interroge l’actuelle réalité bruxelloise, la question de conserver la prison dans ou hors la ville, et plus largement quel modèle de prison doit-on défendre... ou pas.