Ledit « boom démographique » est régulièrement agité par les autorités bruxelloises pour justifier des projets politiques et urbains contestables. Son caractère prétendument urgent leur permet d’éluder le débat et la réflexion.
L’exemple actuel le plus notable est, bien entendu, celui du projet de PRAS dit « démographique », que IEB et plusieurs de ses associations membres ont analysé et critiqué dans le cadre de l’enquête publique clôturée à la mi-juillet 2012 (voir PRAS « démographique » ; BEM n° 251 : « PRAS démographique, clash démocratique » ; le communiqué de presse commun à plusieurs associations).
Pour ce projet de PRAS, le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale utilise un argument démographique pour modifier le plan d’affectation du sol existant sans attendre les résultats d’une réflexion démocratique sur le développement urbain nécessaire pour répondre aux évolutions économiques et sociales de notre Région. Personne ne conteste la nécessité de produire (et non pas nécessairement de construire) de nombreux logements et équipements (crèches, écoles, commerces de proximité, lieux de loisirs et de culture accessibles à tous,…) pour répondre aux besoins pressants de la population bruxelloise, mais ces besoins sont suffisamment justifiés par une réalité qui ne date pas d’aujourd’hui ! Le phénomène de ré-augmentation de la population bruxelloise se constate depuis 1995 et est soutenu depuis 2002.
Alors, pourquoi parler de « boom » aujourd’hui ? Le terme de « boom » occulte la prise de conscience tardive des autorités bruxelloises d’une évolution pourtant en cours depuis plus de dix ans. Pourquoi agiter des projections à 2020, 2050 ou 2060 comme le drapeau rouge devant un taureau, projections pourtant à prendre avec des pincettes ? En quoi la croissance de la population constitue-t-elle une menace alors que Bruxelles dépasse à peine son pic historique de 1968 (1 079 181 habitants), époque où les tours ne fleurissaient pas pour autant ?
Par ailleurs, le projet de PRAS fait l’impasse sur les études existantes récentes concernant les caractéristiques, la répartition géographique et les besoins principaux de la population bruxelloise. C’est d’autant plus curieux qu’une partie non négligeable de ces études ainsi que des cartes très éclairantes figurent sur le site web de la région bruxelloise.
Enfin, si le projet de PRAS est de produire du logement, il semble favoriser principalement la construction de logements privés inaccessibles tant aux Bruxellois moyens qu’aux nouveaux habitants prévus par les démographes, c’est-à-dire beaucoup d’habitants pauvres et non pas les habitants souhaités par le gouvernement pour leur contribution positive à l’assiette fiscale bruxelloise.
L’évolution de la population bruxelloise représente un défi, on ne peut le nier. Mais elle présente aussi des opportunités, l’occasion de renouer la ville avec elle-même.
La jeunesse de cette population, en particulier, représente en soi un atout et une richesse. Pour lui permettre de jouer son rôle dans le développement de la ville, il est plus que temps de lui fournir des équipements en nombre suffisant (crèches, écoles, …), mais aussi un enseignement de qualité, sans discriminations, et des perspectives d’emploi.