IEB, ARAU, Platerform Pentagone, Save Tram 55, BRAL et les habitant·es du quartier étaient présent•es vendredi dernier en marge de l’évènement d’adieu au Palais du Midi pour protester contre sa démolition et l’expulsion de tous les occupant•es avant même la délivrance du permis. Si d’aucuns avaient été choqués de son nom (« Bye Bye Palais »), il n’en reste pas moins que l’évènement (porté par l’asbl Promo Jeunes), en ce qu’il était principalement destiné aux membres des clubs de sport, a été une réussite et témoignait de la vitalité du lieu. Présent•es à l’entrée avec une banderole à signer, les participant•es de cette action « Bye Bye métro 3 » ont échangé avec de nombreuses personnes qui pour certaines n’avaient pas idée que l’on démolisse demain le Palais. Dans les restaurants du Palais du Midi, les derniers clients étaient servis, les cartons se remplissaient en vue des déménagements prévus avant fin juillet. Les commerçants, eux, ne sont pas venus dire au revoir au cœur du Palais, las du mépris avec lequel la Ville les traite. Pour son début de vacance, le Palais du Midi a aussi fait l’actualité le même jour dans les médias et au Parlement.
Le matin même, le bourgmestre de la Ville de Bruxelles affirmait au micro de BX1 qu’il ne laisserait pas le Palais vacant une année entière. Une position d’équilibriste se résumant à dédouaner la STIB de toute responsabilité dans le fiasco du chantier sous le Palais du Midi tout en pressant la même STIB de commencer rapidement les travaux sous peine d’exiger la réouverture du complexe sportif. Même son de cloche de la part de l’échevine des sports le soir-même devant les membres des clubs réunis pour un 3X3 basket, qu’elle enjoignait tous à accepter une relocalisation maintenant plutôt qu’à la veille du début des travaux pour leurs entrainements (une question de disponibilité des salles apparemment), déclarant que les compétitions et démonstrations pourraient avoir lieu occasionnellement au Palais dans l’intervalle. Considérer le Palais du Midi comme un simple espace de démonstration et de compétition et que les effets de cette vacance organisée pourraient être compensés par des usagers exceptionnels et momentanés, c’est du mépris : envers les clubs sportifs relocalisés ailleurs (et dont l’organisation des activités s’en trouvera changée), pour leurs membres, pour les commerçants qui bénéficiaient de son attractivité quotidienne et habitant•es suspendu•es à la décision de la délivrance du permis de démolition. Le mépris des réalités vécues au Palais du Midi, ce sont ces petites miettes concédées sans se mouiller : renvoyer inlassablement à une Région en vacance gouvernementale la décision de poursuivre (ou non) le projet fou du Métro 3 et esquisser l’espoir d’une réouverture du Palais du Midi sans mener des travaux de rénovation nécessaires à certains endroits.
Ce même vendredi 27 juin, la Secrétaire d’État à la Région de Bruxelles-Capitale chargée de l’Urbanisme et du Patrimoine a fait état de l’avancement de la procédure du permis de démolition-reconstruction du Palais du Midi. En effet, des plans modifiés ont été déposés le 3 juin 2025, tous les avis d’instances ont été reçus et le seul obstacle à sa délivrance est la demande classement des façades introduite par l’ARAU en juillet 2023. Cette demande, le gouvernement pouvait 1) décider de l’ouvrir et de l’instruire, 2) la refuser…. ou encore 3) ne rien faire, ce qui bloque toute délivrance de permis. Lorsque la procédure traîne, il est possible pour les parties intéressées d’adresser une lettre de relance au gouvernement et c’est précisément ce que la STIB a fait le 19 juin dernier. À partir de cette date s’ouvre un délai de 30 jours (auquel on ajoute ici 30 jours, vacances obligent) avant lequel le gouvernement se doit de prendre une décision quant à la demande de classement. S’il ne le fait pas, la procédure devient caduque et le permis de démolition pourrait alors être délivré sans décision sur la demande de classement. C’est donc à partir de mi-août que le fonctionnaire délégué pourra délivrer le permis. En cours depuis deux ans, il est peu probable qu’une position commune du gouvernement sur ce dossier de classement se dégage pendant l’été, et la procédure devrait donc traîner jusqu’à s’éteindre. Un sens du timing qui trahit ici aussi un certain mépris des réalités vécues autour d’un chantier à l’arrêt depuis plus de deux ans. Cet été encore, Stalingrad étouffe à cause du métro 3 : la zone de chantier inactif et largement inutile est poussiéreuse, sans ombre, sans arbres et chaque jour de moins en moins de terrasses ouvriront pour profiter de la fraîcheur des soirées.