À une semaine de la commission de concertation pour le permis de démolition-reconstruction du Palais du Midi (officiellement toujours appelé « Déconstruire l’intérieur du Palais du Midi, reconstruire des commerces et des équipements scolaires, sportifs et culturels, aménager deux espaces publics dans les cours extérieures et rénover les façades existantes »), rien ne vient plus étayer ce projet : ni la réalité budgétaire, ni la nécessité de respecter un planning sans cesse prolongé. Qu’est-ce qui justifierait donc d’encore hâter la démolition du phare du quartier, quand la balle est renvoyée sans fin de la Région à Beliris pour la réalisation d’un terminus Nord, essentiel à la mise en service ?
Ce mardi 25 mars, le Ministre de l’Intérieur, en charge de Beliris a présenté sa note d’orientation pour Beliris. Si plusieurs voix s’était levée pour demander une rallonge de financement, le ministre en charge a rappelé les évidences : l’enveloppe budgétaire du fédéral est et restera fermée. Elle l’est d’autant plus que l’agence se doit maintenant de faire des économies : 25 millions par an pour au moins les deux prochaines années. La note rappelle ainsi que pour le tronçon Nord-Bordet, 402 millions d’€ ont été payés à la STIB au titre de préfinancement et que 61 millions d’€ ont été dépensés directement par Beliris pour les études. Des 520 millions d’€ pour lesquels Beliris s’était engagés, il ne reste que 50 millions d’€, que le ministre entend bien réserver pour l’ouvrage de la Gare du Nord (dont on vous chroniquait le surcoût ici). Et c’est donc les quatre années (2025-2029) prochaines qui seront consacrées à obtenir les permis (Gare du Nord et Tronçon Nord-Bordet) et à finaliser l’ouvrage Gare du Nord. Effet domino du refus du gouvernement bruxellois de signer un avenant pour l’ouvrage Gare du Nord, le Conseil d’Administration de la STIB n’a donc pas pu commander ces travaux. De ce fait, le ministre trace un nouvel horizon temporel : la mise en service du demi-métro 3 n’aura pas lieu avant 2032, au minimum.
Comment à Stalingrad ne pas perdre espoir fasse à ces annonces de report en report et à ces incohérences : Le Palais du Midi en 2023, souvenons-nous, c’était la seule « contrainte à lever » poursuivre la conversion en métro du tronçon sud, en hâte, l’ordonnance Fast-track était votée pour le démolir. Mais aujourd’hui, plus personne pour soutenir cette fable grotesque. Déjà parce que personne ne se risquerait à expliquer aux bruxellois•es comment un refus d’avenant à 44 millions d’euros pour la Gare du Nord par le gouvernement bruxellois n’empêche en rien la locomotive folle de destruction du Palais du Midi à 400 millions d’euros de poursuivre sa route, (pourtant sous le même gouvernement régional en affaire courante). Mais aussi, parce que comme rappelé lors de l’interpellation citoyenne du 17 mars au conseil communal de la Ville de Bruxelles, les habitant·es de Stalingrad le savent : la pression ici n’est plus celle du temps à gagner pour démolir, ce qui profitera aussi et surtout aux promoteurs, c’est le temps qui passe. Ils et elles font état du temps qui passe au milieu du chantier : un temps qui mine les esprits, mine la santé, qui fait le jeu de ceux qui voudrait voir le quartier se vider. Car des départs, il y en a eu et il y en aura : par choix ou par décès, les commerçants et les habitants sont évincés par le chantier. Et comme cela a été soulevé aussi : si en 2018, le chantier a été présenté comme « le chantier du siècle », avec des mesures particulières et exemplaires d’accompagnement qui seraient mises en place et répliquées pour le tronçon Nord -Bordet, personne ne semble se soucier d’évaluer les impacts sur le commerce et la santé des habitants. De bout en bout, le chantier du métro 3, en ce compris la démolition puis la reconstruction du Palais du Midi, le quartier devrait vivre 20 années de chantier. Quand il est proposé aux habitant•es de participer à l’étude programmatique pour le futur du Palais du Midi (entre avril 2025 et l’été 2026), dont le permis de reconstruction gros-œuvre préfigure une crèche et une école fondamentale, ils et elles se demandent si l’on se souvient qu’une génération entière sera née et aura grandi au milieu d’un quartier sacrifié pour un métro inutile. Un quartier auquel on a progressivement retiré l’espace public, la vitalité commerciale et dont on s’apprête à démanteler les infrastructures sportives et les lieux culturels, sans que jamais l’état des lieux de sortie du chantier ne se profile. À quand la fin du mirage du projet de métro 3 ? Réponse peut-être ce 1 avril à 9h00 à la commission de concertation, Brucity, 8ᵉ étage. Non, ce n’est pas une blague : l’espoir est encore là.