Inter-Environnement Bruxelles
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Palais du Midi : relocalisation des clubs de sport pour « se préparer au pire »

Boxeur·euses du Palais du Midi © IEB - 2025

Annoncées vendredi dernier dans la presse, puis lundi au conseil communal de la Ville de Bruxelles, les solutions de relocalisation des clubs de Sport du Palais du Midi ont été détaillées sans qu’un micro n’ait été tendu vers les principaux concernés. Car ce qui importait ici, ce n’est pas tant de trouver la meilleure des solutions (arrêter le métro 3), c’est surtout permettre à la nouvelle majorité de s’installer dans un narratif de « bonne gestion » de « ses » finances : la salle temporaire prévue sur un terrain attenant au Stade Vander Putten avait à ce titre tous les torts. Pour rappel, la précédente majorité à la Ville de Bruxelles avait introduit une demande de permis tout à fait mal préparée pour une infrastructure dite temporaire (« mais pour au moins 6 ans tout de même »). Sur les 17 millions d’euros d’indemnités pour la relocalisation des clubs de sports du Palais du Midi, 10 étaient engloutis par ce fameux préfabriqué qui n’aurait logé que les sports de ballons… Bien, rappelons tout de même que le prix de cette salle préfabriquée temporaire (comparativement plus élevé que des infrastructures pérennes), n’était pas le seul écueil du projet.

Ainsi, « les crédits disponibles » seront affectés à la location, l’aménagement et même la construction de deux nouveaux espaces sur le territoire de la ville. Résumons sur une carte : les activités de basket seront logées à trois endroits : Rue des Six jetons (Salle Fontainas) [1], Rue des Ursulines (collège Saint-Jean Berchmans) [2] et Place Rouppe (Francisco Ferrer) [3]. Le volley et le badminton seront eux aussi logés Place Rouppe [3], tandis que le minifoot disposera de terrains au sein de la salle Fontainas [1]. Autre relocalisation très proche du Palais du Midi : la boxe et la gymnastique occuperont des salles au sein de l’athénée Buls Catteau [4] sur le boulevard du Midi. Un peu plus loin et à l’opposé, clubs de danse et certains clubs d’arts martiaux occuperont l’académie des beaux-arts, rue du Midi [5]. Ensuite, cela se corse légèrement : l’atelier « bois-métal » (dont le projet de formation n’a jamais vu le jour) du bâtiment du contrat de quartier Jonction [6] abritera certains clubs en attendant la construction d’un équipement collectif dans la rue Saint-Ghislain [7]. Ainsi, bien que le collège se défende de pratiques d’éviction à cet endroit, les réactions en chaîne du métro 3 iront bel et bien jusqu’au pied de la dalle des Marolles. Même chose rue Rempart des moines [8], où l’on annonce l’installation temporaire d’un dojo en attendant la construction d’une salle rue des Halles [9]. Enfin, le détail des relocalisations inclus aussi deux espaces à Saint-Gilles : l’espace omnisports de la rue de Russie (près de la gare du Midi) [10] et une salle de boxe à la rue du Tir) [11].

Exit donc l’esprit « Palais du Midi » : un seul lieu, plusieurs sports, de la disponibilité horaire pour que des clubs de différentes tailles se développent (et se rencontrent) ; exit aussi la possibilité de faire ses courses ou de socialiser dans les cafés pendant que les enfants fréquentent leurs activités. On souhaitera bien évidemment bonne chance à la coordination du service des sports de la Ville de Bruxelles pour jongler avec les horaires et les contraintes de ces relocalisations multi-sites. On déplorera évidemment l’immense perte d’accessibilité du sport pour les familles du quartier et d’ailleurs qui n’auront JAMAIS le loisir de jongler de la sorte entre plusieurs implantations pour maintenir leurs fréquentations des mêmes clubs.

Ainsi, le projet de démolition du Palais du Midi se poursuit lentement sans décision quant à la demande permis (« la balle est dans le camp de la Région » nous dit la Ville de Bruxelles). Mardi matin au micro de BX1, quand l’échevine des sports est interrogée au sujet de l’opportunité de poursuivre cette démolition (à laquelle son parti se dit par ailleurs opposé) alors même que Beliris annonce un gel du projet de tronçon nord, elle répond que les solutions trouvées permettent de se « préparer au pire ». Des mots extrêmement bien choisis : puisque sans un coup d’arrêt au projet le pire vient effectivement : la démolition du Palais du Midi pour un demi-métro Nord-Albert, inutile et inefficace, dont personne ne veut (pas même la STIB). Le pire serait effectivement d’évincer tout un quartier pour un tronçon Nord-Toots-Albert exploité finalement en tram, (alors que des améliorations pour l’exploitation en tram du tracé existent). Pendant que la Ville de Bruxelles profite des indemnités de relocalisation des clubs de sport pour construire des infrastructures pérennes ailleurs ET d’une démolition-reconstruction d’un Palais (qu’elle aurait dû rénover depuis longtemps) au frais de la Région, le Métro 3 - projet moribond que personne ne semble vouloir achever - n’en finit plus de retarder de vraies solutions sur l’axe Nord-Sud.

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