La commission régionale de développement, chargée d’analyser les réclamations issues des enquêtes publiques sur les PAD Porte de Ninove et Mediapark, a rendu ses avis au gouvernement bruxellois il y a quelques semaines. Ces avis serviront de base à d’éventuelles modifications sur les projets avant une troisième et dernière lecture et une approbation finale.
Concernant le PAD Porte de Ninove, si la CRD émet un avis globalement favorable au vu des évolutions significatives du projet, elle partage néanmoins l’avis de nombreux réclamants estimant que le rapport d’incidences environnementales qui accompagnait l’enquête publique était bâclé, comprenait de graves lacunes (notamment sur l’impact paysager, sur l’incidence des constructions en termes de vent et de pertes d’ensoleillement…) et justifierait de recommencer une nouvelle enquête publique. Elle pointe par ailleurs les problèmes de mobilité engendrés par le programme, notamment en raison d’un transport public peu performant (à cause du projet de métro 3, le tram 51 est désormais limité à la gare du midi) et d’une circulation dangereuse et confuse pour les piétons et cycliste le long du canal. Elle s’interroge, en outre, comme de nombreux réclamants sur l’absence de garanties pour construire du logement social à cet endroit et demande la fixation d’un quota minimum. D’autant que la grande flexibilité désirée quant au programme par le gouvernement permettra de déplacer une partie des salles de sport du Palais du Midi sur le site Van Der Putten, initialement réservé pour la construction de logement social.
IEB, pour sa part, continue de demander l’abandon de ce plan conçu sur mesure pour un promoteur privé qui dégradera les conditions de vie des habitants actuels sans apporter de réponses aux besoins identifiés des quartiers environnants. IEB plaide pour un rachat de la parcelle par les pouvoirs publics pour y développer un équipement public et une priorité donnée à la construction de logement abordable.
La CRD émet également un avis globalement favorable au PAD Médiapark. Elle regrette toutefois qu’aucun bilan carbone du programme n’ait été réalisé alors que celui-ci implique de lourdes opérations de démolition-reconstruction des sièges actuels de la RTBF et de la VRT, désormais actées, au détriment de la demande de la Commission royale des Monuments et Sites d’avoir un débat sur la conservation partielle ou la reconversion de ces bâtiments.
Elle s’interroge sur faisabilité du futur tram devant desservir le nouveau quartier et sur la manière dont celui-ci sera relié à la place Meiser. À ce sujet sont reprises toutes les inquiétudes exprimées par Bruxelles-Environnement quant à la réalisation de cette nouvelle ligne dans les délais impartis, alors même que toute la gestion de la mobilité du futur Médiapark repose sur une mise en service… préalable à la réalisation du programme ! En effet, cette nouvelle ligne de tram demanderait de modifier le Plan régional d’Affectation du Sol, de mener des études d’incidences environnementales, de se coordonner avec le réaménagement de la place Meiser, de mener une enquête publique, etc. A ces inquiétudes se rajoute celle d’IEB quant au financement de cette nouvelle ligne de tram dans un contexte où la Région, déjà exsangue sur le plan financier, continue de donner la priorité politique au gouffre qu’est le projet de métro 3…
Enfin la Commission, rejoignant de nombreux réclamants, regrette que le gouvernement ne se soit pas clairement prononcé sur un quota minimum de logements à finalité sociale alors que la déclaration de politique régionale garantit le fait de bâtir 50 % de ce type de logements sur les sites dont la Région a la maîtrise foncière, ce qui est le cas ici… Perspective.brussels, porteur du projet, demande d’ailleurs au gouvernement d’inscrire dans le PAD Médiapark des objectifs ambitieux en termes de logement public et social, qui dépassent les valeurs des charges d’urbanismes habituellement fixées par l’administration Urban.
Pour sa part, IEB demande pour le terrain public du PAD Mediapark, la construction de 100 % de logement public, dont 60 % de logement social locatif, que les gabarits des constructions soient encore revus à la baisse afin que ceux-ci s’inscrivent dans la morphologie actuelle du quartier, une révision à la baisse du nombre d’emplacements de parkings prévus et que la priorité soit donnée au développement d’équipements locaux, utiles aux habitants actuels et futurs (infrastructures sportives et culturelles, maisons de quartier et maisons de jeunes, locaux polyvalents, services sociaux…) et non pas au développement de grands commerces.