En 2020, la société Debrouckère Development, agissant pour le compte des promoteurs immobiliers Immobel et BPI, déposait une demande de permis d’urbanisme ayant pour objet la démolition et la reconstruction de la quasi-totalité de l’îlot compris entre la place De Brouckère et les rues des Augustins, des Hirondelles et de Laeken. Le projet, baptisé Brouck’R, consistait à passer d’un ilot presque exclusivement consacré au bureau à un projet mixte (logement, logement étudiant, bureaux, hôtel, commerces et parking), en ne maintenant que les façades d’origine.
Cette opération immobilière spéculative, augmentant la proportion de logements hors de portée de la bourse de la plupart des Bruxellois et les équipements liés au tourisme du Pentagone, se traduisait par une démolition-reconstruction au lourd tribut environnemental, patrimonial et paysager.
Vivement critiqué par les habitant.es, les associations et la Commission royale des Monuments et des Sites (CRMS), le projet avait fait l’objet d’un recours en annulation et en suspension auprès du Conseil d’État, porté par IEB, l’ARAU et un riverain. Le 11 avril 2022, la haute juridiction administrative ordonnait la suspension du permis d’urbanisme attaqué, considérant à première vue que les remarques émises lors de l’enquête publique et celles formulées par la CRMS ont insuffisamment été prises en compte dans la motivation du permis, spécialement en ce qui concerne le volume contemporain en toiture des façades de la place de Brouckère.
Toutefois, la suspension du chantier eut lieu alors que la démolition de 38,000 mètres carrés de bâtiment était quasi achevée. Dans la foulée, le fonctionnaire délégué retirait le permis d’urbanisme attaqué pour délivrer un nouveau permis, mieux motivé et légèrement modifié comprenant :
Si ces modifications atténuent la vocation touristique du projet, les critiques précédemment exprimées restent entières, notamment sur les aspects patrimoniaux (la pratique du façadisme), environnementaux (opération de démolition-reconstruction dont les incidences climatiques n’ont pas été sérieusement étudiées) et sociaux (aucun logement social n’est prévu).
Raisons pour lesquelles, IEB et le riverain ont introduit le 02 octobre 2023 un nouveau recours en annulation contre le projet Brouck’R.