Inter-Environnement Bruxelles
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Les habitants oubliés à l’ombre des tours à Rogier

Le Quartier Rogier ne se limite pas à la place Rogier et ses alentours continuent à subir de profondes mutations laissant ses (nouveaux) habitants dans de multiples interrogations. Le 22 septembre à

9h, Inter-Environnement Bruxelles et le BRAL seront à la commission de concertation pour y soutenir les habitants du quartier Rogier dans leurs demandes concernant les réaménagements de surface. En effet, la commune de Saint-Josse a mis à l’enquête un nouveau projet visant à réaménager les voiries qui entourent la place : la rue Bertulot, la portion de la rue du Brabant entre la place et la rue Bertulot et ainsi que la rue Gineste jusqu’à la Place Saint-Lazare.

Rétroacte. Cet espace avait déjà fait l’objet d’un permis d’urbanisme délivré en septembre 2004 qui s’inscrivait en contradiction avec l’arrêté du Gouvernement de la Région bruxelloise relatif aux charges d’urbanisme. Inter-Environnement Bruxelles (IEB) et l’ARAU avait dénoncé à l’époque l’affectation des charges d’urbanisme à la construction d’infrastructures de parking - à savoir l’interconnexion des 4 parkings entourant la place Rogier, lesquels représentent quelques 1.100 emplacements - alors que ces charges auraient dû être affectées en priorité au logement.

Aujourd’hui, les aménagements sont présentés comme étant à l’avantage des riverains or une lecture plus approfondie du projet montre qu’il n’en est rien.

Plusieurs éléments viennent à l’appui de cette interprétation :

  • Tout d’abord, un repérage sur place permet de constater que le projet mis à l’enquête connaît déjà une réalisation partielle sur le terrain mettant les habitants devant le fait accompli et faisant de la demande de permis d’urbanisme une procédure creuse.
  • Ensuite, les habitants regrettent que leur quartier ne soit pas intégré dans le plan communal de mobilité de Saint-Josse. Le projet dit être en conformité avec le plan de circulation défini par la commune pour ce quartier alors que ce plan n’existe pas ou qu’il n’a pas, en tout état de cause, été porté à la connaissance des habitants. Par ailleurs, l’organisation de la circulation autour de la place Rogier n’a pas encore été définie alors qu’elle influencera nécessairement la circulation sur les voiries adjacentes. Il serait utile de réaliser une simulation sur la base des éléments existants (nombre d’emplacements de parking, capacité des bureaux et des hôtels,...).
  • La mise en zone 30 et partiellement en piétonnier de la rue Bertulot et de la portion visée de la rue du Brabant entraînera nécessairement un report de la circulation vers la rue Gineste et la rue du Progrès . Or le nombre d’emplacements de parkings prévus en souterrain pour les employés, commerçants, clients, touristes et navetteurs, laisse présager une circulation intense dans le quartier. Pourquoi dédensifier la circulation de cette portion de la rue du Brabant qui n’est entourée que d’hôtels, de bureaux et de futurs commerces, et ce, au détriment de la rue du Progrès fortement habitée depuis la construction d’un nouveau complexe de logements. La rue du Progrès subit déjà le passage de 11 lignes de bus avec toutes les nuisances notamment sonores et en terme de vibration que cela suppose. Augmenter la circulation automobile sur cet axe ne fera qu’empirer une situation déjà peu vivable pour les riverains qui souhaiteraient le report d’une partie des lignes de bus vers le boulevard Albert II qui est bordé de bureaux et permet la liaison avec la Gard du Nord.
  • La future rue Popelin destinée à créer une liaison piétonne au profit des riverains en destination du jardin Botanique n’offre pas en environnement compatible avec sa destination : il s’agit d’une rue étroite coincée entre l’arrière du Covent Garden et le pont ferroviaire munie d’une entrée de parking et assurant une circulation dans les deux sens. Cette configuration en fera un véritable sas de pollution et ce n’est pas la rampe piétonne (dont l’aménagement reste obscur) qui y changera quelque chose. Le piétonnier prévu rue Bertulot présente des inconvénients similaires puisque cette rue a également une vocation de zone de manœuvre pour les véhicules de livraison qui desservent la Tour Dexia et le City Atrium.
  • Le projet repose en grande partie sur l’idée d’ attractivité des futurs commerces qui viendraient s’installer sous le pont de la jonction ferroviaire sur la nouvelle rue Popelin. A priori, l’emplacement qui leur est réservé n’est pas des plus engageants . Les commerçants vont-ils vraiment se bousculer au portillon ? Rien ou peu n’est dit sur le type de commerce visé : a-t-on envisagé des commerces de proximités au profit des habitants ou s’agira-t-il d’enseignes commerciales plus attractives pour les touristes et les employés ? En outre, sur quelle convivialité urbaine et sur quel contrôle social pourra-t-on compter une fois l’heure de fermeture des commerces venue. Les horaires seront-ils adaptés à ceux des habitants ou aux horaires de bureaux ? Sur quels éléments objectifs, le rapport peut-il se reposer pour affirmer que le sentiment de sécurité sera amélioré grâce à la qualité des espaces publics et au contrôle social généré par l’augmentation des flux piétons ?
  • Sur le plan de l’esthétique urbaine et de l’agrément des espaces piétons, le projet ne prévoit aucune plantation ou élément de verdurisation alors que les voiries à l’étude sont dans un environnement particulièrement minéral, peu convivial et sombre sans compter les problèmes d’imperméabilisation engendrés par la création de la nouvelle voirie Popelin. Pour le surplus, rien n’est indiqué concernant le choix du mobilier urbain, le type d’éclairage et la recherche de cohérence avec le réaménagement de la place Rogier.
  • Enfin, le projet affirme que le périmètre concerné ne contient pas d’ aménagements cyclables alors que l’ICR 4 passe par la rue Gineste. Vu la largeur de la rue et l’importance de la circulation qu’elle est amenée à absorber, la sécurité des cyclistes exige la réalisation d’une piste cyclable dans les deux sens. En outre, la mise en sens unique de la rue du Brabant, si elle subsiste dans le projet définitif, devra être assortie d’un Sens Unique Limité (SUL).

En conséquence, Inter-Environnement Bruxelles, le BRAL et le Comité du quartier Rogier souhaitent que le projet soit revu afin de mieux intégrer et préserver l’intérêt des habitants tant en ce qui concerne les aspects liés à la mobilité que ceux liés au développement d’un espace public agréable et convivial. Enfin, la pertinence du projet doit être évaluée au regard des futurs aménagements de la Place Rogier laquelle pourrait englober des espaces piétonniers plus réalistes que ceux proposés et assurant une liaison claire avec le jardin Botanique via la rue Saint-Lazard.

BRAL - Le Comité du quartier Rogier - Inter-Environnement Bruxelles