Inter-Environnement Bruxelles
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Les dessous de la place Rogier : du parking, encore et encore !

Communiqué de presse du 20 août 2007 — Inter-Environnement Bruxelles — Brusselse Raad voor het Leefmilieu

Le 7 août 2007, la Région bruxelloise a délivré le certificat d’environnement et d’urbanisme autorisant l’exploitation des parkings en sous-sol de la place Rogier y compris l’exploitation du niveau -5 permettant d’accroître la capacité de ce parking public de 147 places. Pourtant lors de la commission de concertation qui s’est déroulée à la commune de Saint-Josse le 13 juillet 2007, plusieurs associations et habitants, dont Inter-Environnement Bruxelles et le Brusselse Raad voor het Leefmilieu, avaient fait part avec vivacité de leurs craintes quant aux conséquences dommageables liées à l’augmentation de la capacité de ce parking.

Un héritage lourd pour l’avenir de la place Rogier

Il faut savoir, qu’à l’heure actuelle, l’offre totale de stationnement public dans le périmètre immédiat de la place Rogier se monte à environ 3.000 [1] places, exploitées seulement à 80%. A cette offre de stationnement public impressionnante, s’ajoute l’offre importante en parkings privés des bureaux avoisinants (dont les 440 emplacements sous la Tour Rogier rendus possibles grâce à sa reconstruction). Accroître encore cette offre ne peut avoir que des conséquences éminemment dommageables : augmentation de la pression automobile et du trafic de navetteurs au détriment des habitants et autres usagers de l’espace public, nuisances aux entrées et sorties du parking, bruits et pollution de l’air, atteinte à l’objectif de la Région de restaurer la convivialité sur la place Rogier ainsi qu’à l’objectif du Plan Régional de Développement de diminuer d’ici 2010 de 20% le trafic automobile par rapport au niveau de 1999 en vue d’atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto.

La commission de concertation du 13 juillet, outre ce dossier, s’était surtout penchée sur la délivrance du permis d’urbanisme en vue du réaménagement de la place Rogier en surface, minimisant de ce fait l’attention portée aux parkings. Cette décision hypothèque pourtant grandement les objectifs que s’est fixé la Région bruxelloise dans le cadre de la revitalisation de cet espace public au cœur de Bruxelles. En effet, l’accroissement du nombre de places de parkings dans ce périmètre rentre clairement en conflit avec la philosophie du projet qui conçoit la place comme une vaste zone piétonne, sans obstacle, pour ressusciter l’aspect fonctionnel de la place et vise à restaurer sa convivialité en faisant la part belle aux mobilités douces.

Vouloir accroître l’offre existante dans ce quartier est d’autant plus affligeant que c’est l’un des mieux desservis de Bruxelles par les transports en commun grâce à la présence de la gare du Nord, du métro, du pré-métro et de multiples lignes de bus. Si le Plan Régional de Développement incite à la concentration de bureaux dans cet espace c’est précisément pour en permettre l’accès aux navetteurs autrement qu’en voiture. Sans compter que, depuis le 1er juillet 2004, les entreprises de plus de 200 personnes sont chargées de mettre en place des Plans de déplacement d’entreprise destinés à inciter leurs travailleurs à opérer un transfert modal de la voiture vers d’autres modes de déplacement moins nuisibles et moins polluants.

La Région fait fi de l’avis rendu par l’AATL et l’IBGE

L’IBGE et l’AATL conditionnaient leur approbation au projet aux mesures suivantes :

  • accentuer la vocation publique du parking au détriment d’éventuels abonnés de bureaux avoisinants disposant déjà de parkings privés ;
  • ne pas autoriser les deux fonctions parking/expositions au niveau -2 et n’affecter ce niveau qu’aux salles d’exposition et de congrès ;
  • supprimer les places qui sont dans la rampe et au centre de l’hélice ;
  • n’autoriser l’exploitation du niveau -5 comme parking que les soirs et week-ends.

Seule la deuxième mesure a trouvé grâce aux yeux de la Région qui n’a pas retenu la mixité des fonctions du niveau –2. Pour justifier le surplus, la Région emboîte le pas à la commune et la SDRB qui considèrent que la volonté de redynamiser le quartier, de jour comme en soirée, nécessite un accroissement de la capacité en stationnement en sous-sol ainsi que le maintien de la trémie d’entrée du parking sur la place Rogier.

Pourtant, de nombreuses études ainsi que des réalisations concrètes belges et étrangères démontrent aujourd’hui que la vitalité d’un noyau commercial ne dépend pas de son accessibilité en voiture. Mais les hôteliers riverains de la place semblent mener un combat d’arrière-garde persuadés que la bonne fréquentation de leurs établissements est liée à la centralité de la trémie sur la place pourtant destinée à accueillir exclusivement des flux piétons. Et la commune et la Région de leur donner raison alors que cette trémie, comme l’a très bien fait remarquer l’AATL dans son avis, « constitue un impact visuel et a un encombrement au sol considérable (...), que les parkings sont accessibles par deux autres accès situés rue Popelin et rue Gineste (...), que l’existence de cette trémie autorise le passage de véhicules motorisés à travers des espaces exclusivement réservés aux transports en commun, aux vélos et piétons » .

C’est pourquoi IEB et le Bral rappellent une fois encore qu’une ville attractive est une ville où l’on respire, pas seulement lors du Dimanche sans voiture mais toute l’année. Ce n’est pas en délivrant un certificat qui ne pourra qu’accroître les flux de circulation automobile autour de la place que la Région fera passer le message. A qui profite l’urbanisme ? Manifestement pas aux habitants et aux usagers de la ville !

[ Lire l’avis des associations adressé à la commission de concertation ]
[ Lire l’avis de la commission de concertation ]

Contacts :

IEB : Claire Scohier – 02/548.39.46 – courriel
BRAL : Maarten Roels – 02/217.56.33 – maartenroels@bralvzw.be


[1] Parking Rogier : 307 – Parking Liedts : 60 - Botanique : 387 – City 2 : 758 – Passage 44 : 532 – Manhattan : 800 – CCN : 125.