Mots de la Cage aux Ours
(Collectif, éditions Constant, Bruxelles, 2012).
B-es-slâma ! Aller en stoemelings au fritkot à Pogge. Manger du fufu au pondou. Commander un pain français dans une boulangerie rifaine, une negerinnetet dans une pâtisserie belge. Traîner près de la Fontaine d’amour en évitant les hnouch aussi appelés poulets.
Va à Molem, smeks ! Se traîter de klette ou de franskillon. Parler Maroxellois aux blédards, zinnekes et autres ânes van Schoorbeek...
Autour de la Cage aux Ours (que certains continuent d’appeler par son nom officiel de place Verboekhoven) comme dans de nombreux autres quartiers de Bruxelles, différents groupes de population entretiennent une richesse linguistique melting-potesque qu’aucun dictionnaire ne reconnaît. Certains mots et expressions y font pourtant désormais partie du vocabulaire quotidien. Ils proviennent parfois de l’argot local, mais aussi des nombreuses communautés qui habitent ces quartiers et y amènent des éléments de leurs langues.
L’arabe, le turc, le berbère, le swahili, l’espagnol, l’italien, le chinois ou le polonais ne sont qu’une sélection de la variété de langues qui assaisonnent le français, la langue courante du quartier, mais aussi le néerlandais et les réminiscences de patois bruxellois .
Pendant trois ans, le projet La Langue Schaerbeekoise (mené par l’asbl Constant dans le cadre du contrat de quartier Navez-Portaels) a travaillé autour de cette oralité en récoltant une multitude de mots entendus en rue, mais aussi en organisant des rencontres, des projections de films, des interviews, etc. Le livre « Mots de la Cage aux Ours » en est l’aboutissement : une sorte de dictionnaire nourri de ces influences qui, à l’image de son sujet, est ouvert au changement, flexible et organique.
Rédigé à l’attention des habitants du quartier, il constitue aussi une invitation à découvrir celui-ci, et un outil pour tous ceux qui s’intéressent à la richesse linguistique des grandes villes qui, comme Bruxelles, ne sont pas internationales que par leurs bureaux, leurs institutions et leur tourisme, mais avant tout par les populations qui y vivent.
L’un des participants au projet nomme cette créativité linguistique des migrants le créole immigré ou l’immigratien. Il y voit en effet une similitude avec le créole, qui a représenté pour les esclaves une possibilité d’assimiler la langue des oppresseurs tout en ne s’y perdant pas complètement. Toute proportion gardée, l’immigratien résulterait ainsi d’une résistance à la langue de l’alphabétiseur, d’une volonté de ne pas laisser enterrer, sous l’écrit, les cultures orales et populaires. Et ceci sans forcément altérer le sens des mots et des expressions, mais en les enrichissant tout en les déformant.
Les « Mots de la Cage aux Ours » est utilement complété par le site web du projet, qui propose une base de données sonore où l’on peut écouter tous les mots de la collection ainsi qu’une série d’émissions radio et de créations sonores réalisées à partir de ceux-ci, où les voix, les timbres, les accents, les intonations et les ambiances donnent une dimension encore plus impressionnante à ce travail.
Villes sous contrôle. La militarisation de l’espace urbain
(Stephen Graham, éditions de la Découverte, Paris, 2012).
Checkpoints, drones, GPS, passeports biométriques, insectes cyborgs, puces RFID, détecteurs de cibles, essaims de nanocapteurs, soldats-robots, barrières Jersey, dirigeables de surveillance, bombes incapacitantes et arsenal non létal... Toutes ces technologies, qui semblent parfois relever de la science-fiction mais imprègnent souvent déjà notre quotidien de citadins, sont concoctées dans des laboratoires de l’armée. Elles sont les nouvelles armes de la guerre permanente dont les champs de bataille sont les principales agglomérations urbaines mondiales. Une guerre qui transforme les armées occidentales en forces contre-insurrectionnelles high-tech et chacun de nous en cible potentielle nécessitant d’être identifiée, pistée, surveillée, au nom de la prévention d’une menace indistincte. Le livre de Stephen Graham, professeur de géographie urbaine à l’université de Newcastle, nous donne les clés pour comprendre les logiques profondes de cet emballement militaro-sécuritaire globalisé.
Moins ! Après la France (« La décroissance ») et la Belgique (« Kairos »), la Suisse a désormais son journal décroissant. « Moins ! » s’érige contre la banalisation des questions écologiques et propose une critique « éconoclaste » du productivisme et du progrès. Tous les deux mois, il propose des pistes de réflexion et d’action pour construire une façon de vivre ensemble plus égalitaire et solidaire.
www.achetezmoins.ch
Le site internet d’Inter- Environnement Bruxelles propose la « Revue du web », une sélection d’articles mise à jour quotidiennement via de nombreuses sources : sites de comités de quartiers, d’associations spécialisées ou de médias de Bruxelles et d’ailleurs. Une autre manière de s’informer, qui vous fera naviguer sur le web et découvrir bien des sites. Les sites présentés ici font partie de nos sources régulières.
www.ieb.be
www.quartier-europeen.eu
Animé par l’Association du quartier Léopold (AQL), le blog des habitants du quartier européen offre un mélange pétillant d’actualités et d’analyses sur l’urbanisme dans ce quartier de plus en plus rongé par les bureaux et la bureaucratie, d’infos sur Bruxelles, mais aussi de nouvelles littéraires, de rendez-vous associatifs, etc. Le dessin ci-dessous, intitulé « Laisse béton », est extrait de ce site.
www.marseille-en-guerre.org
Pour ses promoteurs, Marseille 2013 (capitale européenne de la culture), c’est : « une machine de guerre », « un accélérateur d’Euroméditerranée », un moyen « d’attirer les cadres et les touristes », etc. Les Marseillais ne s’enthousiasment pas tous pour « cette culture hors-sol parachutée depuis les sommets de la bureaucratie européenne » pour évincer les cultures populaires intimement liées à ce territoire. Certains d’entre eux ont créé le Front des réfractaires à l’intoxication par la culture (FRIC) qui diffuse ses communiqués via ce site dont la devise est : « S’ils veulent la guerre, ils l’auront ! »
www.grappebelgique.be
Le Groupe de Réflexion et d’Action Pour une Politique Ecologique (GRAPPE) travaille depuis 2004 à convaincre de la nécessité d’un changement de société.
Parmi les outils du groupe, son site, bien plus que relayer ses actions, propose régulièrement des articles de réflexion et d’analyse sur des questions énergétiques, économiques, environnementales, et tout ce qui touche à l’écologie politique.