En 2020, la société Debrouckère Development, agissant pour le compte des promoteurs immobiliers Immobel et BPI, déposait une demande de permis d’urbanisme ayant pour objet la démolition et la reconstruction de la quasi-totalité de l’îlot compris entre la place De Brouckère et les rues des Augustins, des Hirondelles et de Laeken, soit près de 43.000 m² de superficie de plancher en plein centre-ville. Le permis lui a été octroyé par le fonctionnaire délégué de la Région, avec le soutien de la Ville.
Cette opération immobilière spéculative au très lourd passif environnemental et à l’impact patrimonial et paysager plus que douteux fut vivement critiquée par les habitants et les associations au cours de la procédure de délivrance du permis. La Commission Royale des Monuments et des Sites (CRMS) s’est elle aussi « fermement » opposée à la démolition d’éléments importants du patrimoine bruxellois ainsi qu’aux constructions destinées à les remplacer. Le volume contemporain projeté en surplomb des façades historiques de la place De Brouckère attise les plus vives critiques.
Porté par IEB, l’ARAU et un riverain, un recours en annulation et en suspension a été introduit contre le projet Brouck’R auprès du Conseil d’État. Par un arrêt de ce 11 avril, la Haute juridiction administrative ordonne la suspension du permis d’urbanisme attaqué, considérant à première vue que les remarques émises lors de l’enquête publique et celles formulées par la CRMS ont insuffisamment été prises en compte dans la motivation du permis, spécialement en ce qui concerne le volume contemporain en toiture des façades de la place de Brouckère. Concrètement, cela signifie que le permis ne peut plus être mis en œuvre. Les travaux doivent s’arrêter, le temps pour le Conseil d’État de statuer sur le recours en annulation.
Pour IEB, force est de constater la légèreté avec laquelle les pouvoirs publics bruxellois ont, une fois de plus, délivré un permis à un gros projet immobilier spéculatif, en dépit de l’atteinte évidente au patrimoine et au mépris des avis émis en temps utiles, lors de l’enquête publique.