Le collectif d’habitants Les Amis du Parvis de Laeken est mobilisé depuis fin 2020 pour la préservation de la fresque Annie Cordy, inaugurée en juillet 2018 par la Ville de Bruxelles pour le nonantième anniversaire de l’artiste laekenoise. Fin 2020, trois mois après le décès de l’artiste, les riverains apprennent que le bâtiment sur lequel est apposée la fresque va être abattu.
Refusant le plan de sauvetage proposé par le collectif de riverains, la Ville prétend qu’un problème d’amiante et d’instabilité justifie la destruction du bâtiment. Selon les habitants, les données du rapport technique n’empêchent nullement la préservation de la fresque, l’amiante se trouvant dans les fenêtres, la toiture et l’isolation du bâtiment. Et le bâtiment, sans étage, est stable. Invitée, à plusieurs reprises, à nommer un expert indépendant et impartial pour évaluer les modalités de sauvetage de la fresque, la Ville a refusé à donner suite aux demandes des riverains.
Les riverains apprennent également que la destruction du bâtiment portant la fresque a pour objectif d’ouvrir le petit parc, et ce afin d’installer, dans le cadre du contrat de quartier « Bockstael » [1], une serre urbaine de production agricole d’environ 450 m² – qui impliquera également la destruction de potagers autogérés dont les surplus sont distribués aux riverains. Selon Les Amis du Parvis de Laeken, aucun riverain n’aurait exprimé une demande pour une telle serre alors qu’un Contrat de quartier a pour but de répondre aux besoins des habitants. Interpelée par le collectif pour qu’elle communique les documents (PV, dépliants, invitations officielles aux réunions impliquant les habitants) faisant état d’une demande des riverains pour cette grande serre, la Ville répondra : « Les documents demandés n’existent pas ». Les commerçants qui seront concurrencés par l’espace HORECA de la future serre n’étaient pas, non plus, informés de cette future installation.
En plus de voir dans cette serre un projet hors-sol et nullement « co-construit » avec les habitants, Les Amis du Parvis de Laeken apprennent que le budget consacré à la rénovation du passage Chambon, protégé par un arrêté régional de classement datant de 2007, a été transféré au profit de la rénovation du parc Annie Cordy dont l’installation de cette serre. Selon la Ville, cette rénovation, pourtant prévue par les premières moutures du contrat de quartier Bockstael, ne serait pas possible en raison de problème d’infiltrations. De la correspondance entre Infrabel et la Ville à laquelle le collectif d’habitant a pu accéder, il ressort cependant que de gros travaux entrepris par Infrabel pour mettre fin au problème d’eau ont été réalisés avant le transfert budgétaire. La Ville argue que les problèmes d’infiltration continuent et Infrabel estime que ses travaux ont été concluants. Toujours est-il que le site reste à l’abandon alors qu’il a urgemment besoin d’être rénové.
Ce n’est pas tout : le collectif conteste également la validité du vote organisé par la Ville portant sur l’œuvre qui remplacera l’actuelle fresque Annie Cordy : « Le champ de consultation de ce vote […] est trop large : le monde entier peut voter. Cette consultation in extenso viole le champ territorial de la Ville de Bruxelles ». En outre, le fait que ce vote se fasse en ligne pose question : « Les riverains qui ne sont pas numérisés sont souvent les plus âgés, ceux qui justement ont connu Annie Cordy » (La Dernière Heure, 5 janvier 2022). Sur cette base, Les Amis du Parvis de Laeken ont introduit un recours contre ce vote auprès du ministère des Pouvoirs Locaux et du Conseil d’État pour annuler ce vote et ses résultats.
Inter-Environnement Bruxelles
[1] « Le contrat de Quartier [...] est un plan d’action limité dans le temps et l’espace, conclu entre la Région, la commune et les habitants d’un quartier bruxellois. Il fixe un programme à réaliser avec un budget défini. (voir quartiers.brussels)