Une plate-forme interrégionale réunissant des acteurs socio-économiques et environnementaux s’inquiète de la multitude de projets urbanistiques d’envergure à vocation économique prenant place sur leur territoire respectif hors de toute concertation interrégionale.
Les initiateurs de la plate-forme (CSC-ACV Région bruxelloise, ACV zone Halle Vilvoorde, Inter-Environnement Bruxelles, Brusselse Raad voor het Leefmilieu et UNIZO régions Bruxelles et Brabant flamand) soulignent, qu’au vu du nombre de projets urbanistiques à envergure économique forte se dessinant en Région bruxelloise et en périphérie flamande, la concertation interrégionale, pratiquement absente jusqu’à aujourd’hui, ne peut pas perdurer sur le mode du silence radio. Les autorités concernées doivent se réunir de toute urgence dans un souci commun du bon développement économique de ces deux territoires contigus.
La plate-forme attend des autorités régionales flamandes et bruxelloises qu’elles mènent une politique cohérente et volontariste pour le développement durable de cette région. La plate-forme accuse la surenchère actuelle et la mégalomanie des projets de centres commerciaux et de bureaux. Il suffit de citer les projets suivants :
Un bref calcul permet de comptabiliser un total de 248.449 m² de surfaces commerciales et de 324.251 m² de surfaces de bureaux.
L’ensemble de ces projets prend place dans le nord de Bruxelles ou dans le territoire directement avoisinant. Imaginer que tous ces projets d’envergure puissent se réaliser dans ce mouchoir de poche en l’espace de quelques années montre, sans fard, l’absurdité de cette course à l’attractivité effrénée sur un même territoire géographique. Les dernières études sur la surabondance de la fonction de bureaux en Région bruxelloise ne nous contrediront pas. En effet, les dernières données de 2008 de l’Observatoire des bureaux de la Région bruxelloise pointent 733.000 m² de bureaux immédiatement disponibles auxquels il faut ajouter 1.230.000 m² de bureaux vacants qui n’apparaissent pas sur le marché [1].
Pour la plate-forme, un développement économique durable n’est jouable que si à tout le moins les projets conduisent à une mixité des fonctions dans le tissu urbain et non à leur surimpression artificielle venant se planter là comme un coup de poing au milieu du visage. Ils doivent avoir égard à la création d’emplois stables adaptés à la main d’œuvre des territoires où ils s’inscrivent et présenter une accessibilité multimodale ne faisant pas de la voiture le mode prioritaire de déplacements. La qualité de vie de tous les citoyens ne s’atteint pas à l’aide de myriades de projets prestigieux et de gestes forts architecturaux qui conduisent avant tout à la mise en compétition des territoires.
Hors, le politique prend exactement le contre-pied de la voie d’un développement économique durable. Ainsi, il y a deux semaines, le Gouvernement flamand a supprimé le rôle de la province du Brabant flamand en tant que niveau politique responsable du projet UPLACE parce que la province refusait de signer le protocole d’accord sur le projet. Le gouvernement a préféré faire cavalier seul et poursuivre ses engagements avec UPLACE selon le timing strict défini par ceux-ci.
Le Gouvernement flamand fait aujourd’hui encore un pas en avant vers les promoteurs du projet en concluant un protocole d’accord sur la mobilité alors que tout démontre la mauvaise accessibilité du site.
Au plateau du Heysel, peu d’informations transpirent ; on est toujours en train d’attendre la désignation des lauréats sur les huit candidats retenus pour penser la réurbanisation du site. Quant au projet de Just under the sky, il est dans la phase d’élaboration de l’étude d’incidences visant à permettre à relativement court terme la délivrance du permis.
La plate-forme pour un développement économique durable craint que la totalité de ces projets cause des préjudices conséquents et difficilement réversibles à la zone métropolitaine de Bruxelles tant d’un point de vue de trame urbaine équilibrée, que sous l’angle socio-économique, sans oublier le chaos complet en termes de mobilité que de tels projets vont générer. C’est pourquoi la plate-forme prendra, à court terme, l’initiative de rassembler les politiques responsables de ces projets autour de la table afin qu’ils se concertent, s’expliquent et se confrontent aux inquiétudes et demandes soulevées par la plate-forme.
Contacts IEB
[1] Il s’agit de bureaux en cours de rénovation ou en nécessitant une.