Inter-Environnement Bruxelles
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La place de la nature

Bruxelles Nature fédère des associations bruxelloises naturalistes, défendant une nature multiforme, présente autant dans les friches que dans les jardins ou les parcs. En plus de la biodiversité qu’ils permettent, ces espaces rendent nombre de services aux humains comme aux non-humains...

Il est incontestable que pour les « amoureux de la Nature », c’est dans les sites semi-naturels que la biodiversité est la plus présente, qu’elle s’exprime le mieux ; là où la Nature est la plus complexe,la plus aboutie ; là où les chaînes du vivant s’interpénètrent le plus complètement, le plus intimement.

La Nature, ce n’est pas un décor pour nos agissements. C’est un tout dont l’humain est partie mais qui ne se limite pas à celui-ci, à ses droits, ses aspirations et ses besoins. Cette Nature se doit d’être conservée – mieux régénérée ! – partout. Même en ville ! Nous sommes convaincus que la Nature a sa place en ville. Certes, elle est mal connue, n’est plus étudiée dans le cursus scolaire et paraît d’un intérêt dérisoire.

L’homme est dénaturé, constat tragique et funeste. Sans ce rapport à notre part d’animalité, à nos origines, à l’humilité que cela devrait générer en nous, il y a tout lieu de croire, qu’en ne respectant pas la Nature, l’homme continuera à la détruire, se détruisant chemin faisant. Il est donc plus que temps que l’enseignement de la Nature et de la biodiversité soit intégré aux programmes scolaires et en devienne une des priorités tout au long des cycles d’études. Cela peut paraître pompeux mais le salut de la vie sur Terre est à ce prix. Et cette inversion de tendance passera par un besoin accru de sites semi-naturels urbains, supports privilégiés d’enseignement. Nous défendons l’idée d’une ville « Nature admise », d’une ville qu’il ne faut pas immanquablement quitter pour pouvoir se plonger dans un petit coin de nature riche en biodiversité. D’une ville où existe une nature de proximité de qualité.

Le besoin de Nature en ville est selon nous un besoin de même importance que les besoins de logement, de travail, de qualité de vie. Ce n’est pas un besoin à négliger, à mettre en dessous dans l’échelle des valeurs. Un site semi-naturel n’est pas quelque chose à conserver tel quel jusqu’à ce qu’une utilisation plus ad hoc en soit trouvée. Pour être et rester vivables, nos cités ont besoin d’espaces verts de tous types et particulièrement de sites semi-naturels rendant le contact avec la nature possible. La ville, pour rester attractive,se doit donc d’investir dans ce domaine et de lui réserver un pourcentage – important – de sa superficie.

Mettre la nature sous cloche ?

Ce grief est souvent fait aux défenseurs de la nature, de la biodiversité, des sites semi-naturels : ils s’approprieraient ceux-ci, les mettant sous cloche. Rien de moins vrai, et les efforts d’initiation au partage des beautés et des réalités de la nature qu’ils prodiguent lors de leurs nombreuses activités dédiées au public en attestent à foison. Seulement voilà, pour partager la nature encore faut-il commencer par préserver celle-ci. Et c’est ici que plusieurs projets, généralement très médiatisés, posent problème : ils mettent en danger la pérennité même des sites semi-naturels et de la biodiversité qu’ils abritent ! Ne reste dès lors plus que l’option de s’y opposer.

Les intérieurs d’îlots

Les intérieurs d’îlots, aménagés de manière individuelle ou collective, peuvent jouer un rôle primordial dans la préservation de la Nature en ville. Ils représentent au total une superficie considérable du territoire urbain et pourraient plus facilement, de par leur réalité juridique, être orientés comme relais de conservation de la Nature et comme éléments structurants du maillage vert, ces couloirs de verdure qui sont indispensables pour permettre la dissémination des espèces et des gènes au sein de la ville.

Dans le cadre du prochain PRDD, il est possible d’aménager durablement, sans dénaturer. La Nature a sa place en Ville, et est essentielle au bien-être de ses habitants.

La biodiversité est devenue une grande priorité politique, y compris européenne (Natura 2000). La biodiversité est notre assurance pour notre survie, elle garantit et produit tout ce dont nous avons besoin pour vivre (eau, terre, air).

Michel Moreels, Mario Ninanne et Elisabeth Fauville
Bruxelles Nature asbl

Plus d’infos : www.bruxellesnature.be.

À lire aussi : Manifeste de Bruxelles Nature.

Nature(s) en ville