La saga de la protection du Marais Wiels continue. Le nouvel Atlas du réseau hydrographique de la Région de Bruxelles-Capitale l’avait reconnu comme étang régional tout en l’amputant d’une bonne partie de sa roselière. Le gouvernement bruxellois le reconnaitra-t-il en sa totalité en lui le classant comme site naturel ? Le Cercle de Patrimoine et d’Histoire de Forest et l’asbl Marais Wiels Moeras ont déposé une demande de classement (avec le soutien du Tuiniers Forum des jardiniers).
Bonne nouvelle : la Commission Royale des Monuments et Sites (CRMS) vient de statuer favorablement à leur demande. La CRMS – composée d’experts indépendants du pouvoir politique – estime en effet que l’ensemble « présente un intérêt scientifique majeur en tant qu’exemple particulièrement remarquable d’un écosystème propre aux zones humides et d’un milieu naturel d’une richesse écologique particulièrement élevée qui s’est rapidement développé au sein d’un milieu urbain. » Par ailleurs, le site constitue « un exemple de /conservation environnementale paradoxale/ » : une restauration écologique spontanée, sans intervention humaine, qui est le résultat d’un projet de développement urbain avorté. Il comprend un écosystème spécifique d’une zone humide ancienne, typique de l’holocène, en puisant notamment dans le matériel vivant (graines et semences) qui subsiste dans le sol, et il permet ainsi de raviver l’ancienne biodiversité locale."
Et l’avis de conclure que le Marais Wiels est « un lieu de grand intérêt scientifique et environnemental, justifiant pleinement une mesure de protection. Il constitue un véritable et unique laboratoire de phytosociologie dynamique permettant d’y observer la dynamique de développement et de redéveloppement des milieux naturels en ville et d’étudier l’évolution des communautés végétales en interaction avec les conditions urbaines, telles que la pollution, les changements hydrologiques et l’influence humaine. Ce site offre ainsi une opportunité précieuse pour les scientifiques et les écologues d’analyser et de comprendre les processus de colonisation, d’adaptation et de résilience des écosystèmes dans des environnements perturbés, contribuant ainsi à une meilleure compréhension, gestion et restauration des espaces naturels en milieu urbain, ce qui pourrait entraîner des répercussions positives pour la gestion d’autres zones humides urbaines en Belgique et en Europe. » Avis in extenso de la CRMS : crms.brussels.
La nouvelle est excellente. Malheureusement, échappe au périmètre de classement le chemin où courent, dans un paysage de friche industrielle, les rails de feu la brasserie Wielemans Ceuppens. Or, un projet de Contrat de Rénovation urbaine y prévoit une cyclostrade. Le classement de cette partie du site obligerait la Région à faire preuve de créativité pour les faire coexister.
Quoi qu’il en soit, la protection du Marais Wiels avance pas à pas. Croisons les doigts pour que le gouvernement suive l’avis de la CMRS et pourqu’il respecte l’ensemble des délais d’examen du dossier. La procédure de protection du Meyelmeerch a récemment été déclarée caduque pour une question de procédure : le gouvernement n’a pas répondu dans le temps imparti à un courrier d’un des propriétaires d’une parcelle concernée. Tout nouvel oubli du calendrier relèverait, à s’y méprendre, d’un effet de manche fort peu honorable pour remettre à plus tard la protection du Marais Wiels.
Si votre collectif s’attèle à un combat similaire, sachez qu’IEB a rédigé un mode d’emploi sur la procédure de pétition de classement (en cours de révision).
Chargée de mission