Paraissant aux portes d’un été qui sera marqué par plusieurs méga-événements sportifs, ce numéro ausculte quelques effets des JO de Paris sur la ville et ses habitant·es. Plus fondamentalement, il interroge, au fil de ses pages, des problématiques quotidiennes bruxelloises. Quel accès au sport, pour qui et où ? Et de quelles infrastructures Bruxelles a-t-elle besoin ?
Article d’ouverture, Grand écart sur le terrain, interroge les pratiques sportives et la manière dont elles habitent et dessinent l’espace public, à travers le prisme du genre. Le constat d’un règne masculin historique et persistant est malheureusement sans appel. Partant de ce constat in vivo, nous invitons à le dépasser, d’abord en écoutant les premières concernées, les usagères, étape incontournable pour dessiner un espace public véritablement inclusif.
Dans la continuité de cette interrogation délibérément genrée, nous nous questionnons sur le football féminin, son histoire, son développement croissant et les obstacles à celui-ci. Quels rapports de force et quels pouvoirs imbriqués sont à l’œuvre ?
Toujours sur la balle, nous ne pouvions faire l’impasse sur LA success story bruxelloise, celle de la Royale Union saint-gilloise, aux capitaux internationaux derrière celle-ci, et aux rêves de grandeur et de grand stade de ses investisseurs. Ces derniers, épaulés par les pouvoirs régionaux bruxellois, ont jeté leur dévolu sur le Bempt mais la privatisation d’un terrain public de plus n’est pas sans soulever des résistances ni sans poser des questions. Comme souvent, nos édiles semblent empressé·es à couper court au débat public, pourtant indispensable lorsqu’il s’agit de déterminer ce qu’il adviendra d’un bien commun.
C’est aussi de biens communs, publics, et d’accès à ceux-ci, dont il est question dans Et moi je veux nager ! Eh bien, ça ne va pas être facile… Et pour cause, la dernière piscine publique bruxelloise a été construite il y a 36 ans, alors que la population, elle, a depuis crû de manière considérable. Et si l’offre privée est désormais importante, au point de dépasser l’offre publique, cela ne garantit en rien l’accès aux « joies de l’eau », surtout aux classes populaires. Bien au contraire.
Quittant Bruxelles, nous filons à Paris. 350 bornes, 1h19 de train à grande vitesse et les Jeux olympiques au cœur de l’été. Les deux derniers articles de ce numéro – dont une interview de la journaliste Jade Lindgaard au sujet de son enquête de terrain de six ans en Seine-Saint-Denis –, analysent les effets délétères de la machine olympique, événement emblématique du capitalisme festif.
Entre bétonisation, gentrification, délogement et destruction du tissu urbain existant, hyper-surveillance et lois d’exception, ces Jeux laisseront indéniablement leur marque, tout comme cela a été le cas dans les villes-hôtes qui ont précédé Paname dans l’organisation de tels méga-événements. Ici non plus, malgré l’ampleur des enjeux, aucun débat public digne de ce nom n’a eu lieu. Cette absence de débat constitue décidément une constante dans l’aménagement urbain néolibéral. Mais nous ne sommes pas les seul·es à poser ce constat et à être déterminé·es à faire vivre la démocratie urbaine, à l’encontre des pouvoirs publics s’il le faut.
En effet, ces deux derniers textes s’accompagnent d’une Carte des saccages des JOP 2024 que vous trouverez en double page centrale de ce numéro. Celle-ci, concoctée par des militant·es parisien·nes, nous offre une vue d’ensemble sur cette fête qui est déjà finie avant d’avoir commencé. Du moins pour bon nombre d’habitant·es.