Les architectes mandatés par Beliris (bureau VVV) ont présenté le 15 avril leur projet de « Parc de l’Avant-Senne » intitulé « Autour du marais » et annoncent une future demande de permis d’urbanisme, à l’issue d’un processus de participation qui pose question. D’abord, le projet ampute le marais de près de la moitié de sa superficie et, par conséquent, bouleverse son fragile équilibre biotique actuel et risque de détruire l’essentiel de sa biodiversité. Ensuite, tous les intervenants et opérateurs ne sont pas présents, dont CityDev ou Urban, alors que ce sont ces projets de développement immobilier qui entraînent l’assèchement du Marais prévu par Beliris. Le projet est donc saucissonné en phases, en examinant les abords avant les constructions. L’asbl Marais Wiels Moeras demande d’examiner le projet dans son ensemble, d’évaluer dès à présent l’impact global de tous les projets de développement et de préserver l’entièreté de cet écrin de nature dans un quartier qui en manque cruellement.
Beliris veut préserver une superficie de 4.000 à 5.000 m² de marais. Or, celui-ci fait près de 9.000 m². C’est donc la moitié de sa superficie qui pourrait disparaître. Ce risque est confirmé par les plans publiés, qui prévoient un remblayage privant le marais de toute sa partie nord (sur laquelle sont prévus des bâtiments CityDev), un immeuble construit entièrement dans le marais, qui doublerait l’actuel Métropole, et un bâtiment CityDev à front de l’avenue Van Volxem, les pieds dans l’eau. Le marais serait donc découpé et significativement réduit.
Le projet prévoit la construction d’une piste cyclable transrégionale qui implique la destruction du talus ferroviaire existant par l’apport de centaines de mètres cubes de terres et la construction d’un pont d’une centaine de mètres. Cette rampe massive fragilisera très certainement le rôle de corridor écologique que joue ce talus dans le maillage vert régional, les talus ferroviaires constituent également des espaces propices à la nidification de certaines espèces. Cette piste cyclable, qui répond à une logique transrégionale, pourrait pourtant aisément et à un coût nettement inférieur être localisée sur l’avenue Van Volxem.
Le site est actuellement une zone de haute à très haute valeur biologique. Ce qui en resterait perdrait toute valeur biologique significative. Pour prendre un seul exemple, la mascotte du marais, le grèbe castagneux, nicheur depuis plusieurs années (ce qui est exceptionnel si près du centre-ville et de la gare du midi), ne serait plus qu’un lointain souvenir. Les populations de macro-invertébrés qui habitent sous la surface des eaux du Marais, dont la qualité chimique et biologique a été prouvée, seraient exterminées par le chantier. La reconstitution de ces communautés, qui attestent de la qualité biotique de ce plan d’eau inattendu, ne peut être garantie. Le Marais est né d’une résurgence de la nappe phréatique sous-jacente, sous pression. Construire dans le Marais nécessiterait d’y pomper l’eau et de l’envoyer à l’égout, aux frais de la collectivité.
Enfin, le quartier est très densément peuplé, situé en zone inondable, et en manque d’espaces verts. Il a besoin du Marais comme zone tampon pour absorber les surplus de précipitations, comme îlot de fraîcheur en cas de canicule, et comme espace convivial de détente. Personne ne nie la crise du logement abordable, mais amputer le quartier de la moitié du marais, pour construire des logements vendus à la classe moyenne, ne la résoudra certainement pas.
L’asbl Marais Wiels Moeras demande d’examiner le projet dans son ensemble et non morceau par morceau, de préserver l’entièreté du site par la reconnaissance du plan d’eau existant et de la zone humide à haute valeur biologique dans le Plan Régional d’Affectation du Sol et une reprise du Marais à l’atlas du réseau hydrographique bruxellois, pour continuer à faire bénéficier le quartier d’un poumon vert bienvenu.