Inter-Environnement Bruxelles
© IEB - 2021

IEB a quarante ans… et plus !

Notre fédération est née au début des années septante dans le contexte de résistance à la destruction de la ville menée tambours battant par l’urbanisme fonctionnaliste. En cette période combative (Marolles 1969, Quartier Nord 1969-1973), elle a contribué à quelques victoires significatives : le Plan de Secteur (1976-1977), la publicité-concertation (1976-1979), l’abandon des grands projets de pénétrantes autoroutières…

© François Hubert - 2021

Ces grandes luttes une fois terminées, une longue phase de « stabilisation » de la structure d’IEB a commencé, des pôles d’expertise se sont alors développés (urbanisme, environnement, déplacements, patrimoine...) et des travailleurs permanents sont venus agrandir petit à petit l’équipe. Des subsides ont été octroyés, ce qui eut pour conséquence une nouvelle manière d’envisager le rapport au pouvoir politique, notamment régional à partir de 1989. Les luttes se sont moins ancrées au terrain, l’accent a été davantage mis sur l’accompagnement, l’activité de service, ainsi que sur les activités de communication et de sensibilisation.

Entre-temps, la ville et les rapports sociaux ont évolué. Face à ce constat, il y a cinq ans, débutait une profonde remise en question des pratiques et des positionnements de l’association. IEB s’embarque dans une année dite « expérimentale » pour tenter de renouveler les formes et les outils de lutte, s’ouvrir à d’autres types d’organisations que les comités de quartier et re-focaliser son attention sur les vieux quartiers populaires et industriels centraux. C’est qu’en vingt ans, les politiques urbaines régionales se sont accommodées des pressions accrues des investisseurs immobiliers en intervenant dans ces quartiers auparavant délaissés et en y menant, à large échelle, tout une série de politiques publiques de « rénovation » urbaine qui contribuent à la hausse des loyers. A tel point que l’on peut parler aujourd’hui d’un processus de « colonisation » orchestré par les pouvoirs publics et les promoteurs immobiliers au détriment de leurs habitants d’origine. Dans le même temps, un peu partout dans la ville, les « méga projets » et les « gestes architecturaux » décidés dans les salons de velours ont de plus en plus la cote... Nos décideurs jouent ainsi pleinement la carte de la concurrence entre les villes, sacrifiant des réserves foncières précieuses pour des équipements de prestige, tandis que l’accès au logement est devenu une difficulté majeure pour un grand nombre de Bruxellois.

Le renouvellement d’IEB entrepris il y a cinq ans est un chantier parfois difficile, souvent prometteur, il n’est pas terminé. L’année expérimentale a ouvert la voie. Tout au long de l’année 2014, Bruxelles en mouvement fera des ponts entre passé et présent, en commençant par ce numéro consacré à la question de la santé. Par ailleurs, un dossier spécial prévu à l’automne se penchera sur le passé de la fédération pour mieux penser les enjeux du présent et imaginer un meilleur avenir.