Ce 30 septembre était un jour sombre pour les défenseurs des droits de l’homme et les militants anti-carcéraux. C’était en effet l’inauguration du mastodonte carcéral de Haren, la plus grande prison de Belgique destinée à accueillir 1200 détenu·es. Le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, le secrétaire d’État de la Régie des Bâtiments, Mathieu Michel, et le Ministre Président bruxellois Rudy Van de Voorde se gardent bien d’aborder le coût total de l’opération. Le seul chiffre mis en avant est celui de 382 millions € pour la construction alors que la facture totale de ce partenariat public privé se chiffre à plus de 2 milliards € pour le remboursement de l’investissement et l’entretien complet des bâtiments sur 25 ans.
Tout ça pour une prison obsolète dès son ouverture. Les agents pénitentiaires refusent de travailler à Haren, située dans un coin qui leur est insuffisamment accessible. Et qu’en pensent les familles des futurs détenus… Même son de cloche du côté des magistrats et des avocats qui craignent les embouteillages quotidiens pour relier facilement le palais de justice et la nouvelle prison ou amener les détenus place Poelaert. Marc Nève, président de la Commission centrale de surveillance du système pénitentiaire (CTRG) ne se prive pas d’affirmer que la nouvelle méga-prison est déjà dépassée. D’autres se frottent toutefois les mains. La Région bruxelloise voit d’un bon œil la possible récupération d’un terrain hautement attractif dans le haut de Saint-Gilles et Forest, là où se trouvent les trois prisons qu’Haren est censée remplacer. « C’est un terrain de jeux extraordinaire pour laisser place à l’imaginaire. J’y vois du mixte avec un parc et du résidentiel » déclare le CEO de Codabel, un investisseur immobilier. Qu’importe le coût humain supporté par les détenus. Il faudra toutefois patienter car pour lutter contre la surpopulation carcérale, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD) a décidé de continuer à utiliser partiellement la prison de Saint-Gilles jusque fin 2024. En fait, personne n’est bénéficiaire dans cette sombre histoire, à part le consortium privé à la manœuvre.
Inter-Environnement Bruxelles