Ce jeudi 25 se clôturera la consultation publique sur la deuxième mouture du PAD Josaphat.
Pour rappel, ce site de 25ha traversé par le chemin de fer constitue l’une des dernières grandes réserves foncière publiques. Il appartient depuis 2006 à la Société d’Aménagement Urbain, société anonyme de droit public détenue majoritairement par la RBC et dont l’objectif annoncé est « la mise en œuvre des grands projets d’aménagement urbain et de la réalisation d’équipements publics d’envergure régionale destinés à répondre aux besoins et aux aspirations de la population bruxelloise ».
Depuis une dizaine d’années, le débat sur son devenir mobilise des collectifs, des associations, des habitant·e·s, des naturalistes, avec le désir légitime de contribuer à son aménagement. Par son ampleur et sa nature, pour l’ensemble du territoire de la région bruxelloise, il constitue un espace commun, d’intérêt public naturel majeur.
De leur côté, les pouvoirs publics tentent d’élaborer des schémas et plans visant son urbanisation via une bétonisation conséquente. Ils vont jusqu’à s’engager, en 2017, sans consultation publique préalable, dans une très opaque procédure de dialogue compétitif pour élire l’heureux promoteur du secteur sud-Ouest du site.
En 2018, la Région lance une consultation publique sur l’aménagement d’un tout nouveau quartier… L’urbanisation de cette Zone d’Intérêt Régional se dessine via le tout nouvel outil dérogatoire aux règlements d’urbanisme bruxellois : le Plan d’Aménagement Directeur. Une vraie claque top-down pour tous les défenseurs de la friche, mais également pour les défenseurs de la démocratie urbaine. En 2021, vu la masse d’avis négatifs recueillis lors de la première consultation, la Région en lance une seconde, qui se termine actuellement et porte sur la version bis du PAD, annoncée comme revue et modifiée à l’aune des remarques récoltées en 2018.
Le programme soumis à l’avis des habitant·e·s, passe pourtant toujours à côté des enjeux et urgences de la Région. Tout d’abord, on peine à y voir une réelle prise en compte des dynamiques existantes autour de la friche et du travail fourni par les groupes et personnes mobilisées, concrétisé dans différentes propositions de plans d’aménagement alternatifs. Le logement lui, serait laissé à hauteur de 55% dans les mains du privé, le solde ne prévoyant que 22% de logements sociaux locatifs, seuls à échapper à la logique du marché et à garantir la réalisation sur le long terme du droit au logement. D’un point de vue environnemental ensuite, ce projet d’écoquartier n’aurait d’écologique que le nom, ratant son insertion dans les quartiers existants et entraînant une perte de biodiversité évaluée par le RIE à 40%. Un chiffre probablement sous-estimé. Pas étonnant lorsque l’on sait que sur les 14ha en friche de la partie ouest du site, seuls 1,28ha seraient maintenus et que sa portion sud-ouest pointée comme la plus riche, se retrouverait urbanisée (via le dialogue compétitif toujours en cours).
Comme le prévoit la procédure des PAD, cette enquête publique ne sera pas suivie de la traditionnelle Commission de Concertation. Or, la commission de concertation permet d’émettre des avis oraux à ceux qui maîtrisent mal l’écrit. Elle est l’endroit où exprimer son avis en chair et en os, où ressentir l’ampleur de la mobilisation, où échanger, fédérer, donner du sens à l’ingestion de ces dossiers interminables. Sans elle, l’enquête publique est une simple boite aux lettres. Ici, la participation aura été réduite à son strict minimum avec la tenue d’une unique et virtuelle réunion de présentation du projet par Perspective.brussels et la proposition de donner son avis via un formulaire qui entraîne plus de confusions que de réponses.
Il n’est pas trop tard pour réagir en envoyant ses remarques à perspective.brussels avant jeudi 23h59 en s’inspirant au besoin du pertinent avis de la CRMS ou des lettres types proposées par plusieurs collectifs mobilisés pour la préservation de la friche.