La conviction profonde d’être atteint par le Syndrome des Micro-Ondes intervient souvent lorsque l’utilisation d’un téléphone mobile entraîne systématiquement de vives douleurs dans le membre qui le tient.
La proximité d’une borne wi-fi, définissant l’intensité des symptômes, est également un indice incontestable. Parmi ces réactions physiques, le plus perturbant est sans conteste de vivre en permanence avec un bourdonnement électrique dans la tête, partout où est assuré l’accès aux réseaux de téléphonie mobile. Dans les moments les plus graves, ce signal électrique s’accompagne de sensations de brûlures sous la boîte crânienne, une réaction physique absolument terrifiante. Par moments, en fonction de l’extrême proximité avec les sources d’émissions, ou lors de réflexions des rayonnements sur des matériaux métalliques, le bourdonnement s’accompagne d’acouphènes aigus, encore plus insupportables. Ces réactions physiques s’accompagnent de vives douleurs dans la nuque, et de fourmillements et douleurs dans les membres.
Au quotidien, il s’agit de tenir en ordre de marche notre activité mentale lorsque des troubles de la concentration se manifestent, et qu’il nous faut relire vingt fois la même ligne pour raccrocher au contenu du texte sous nos yeux. Pour les amateurs de lecture ou pour celles et ceux pratiquant une activité d’ordre intellectuel, il s’agit d’une véritable catastrophe. Il faut également gérer le stress lorsque des événements vécus la veille nous semblent déjà tellement lointains dans les souvenirs. C’est encore moins rassurés que nous effectuons la lecture de la presse lorsque, par exemple, le journal Le Soir expose des expériences sur des rats soumis aux rayonnements des technologies sans fil, dont les résultats révèlent des lacunes de mémoire incontestables [1]. Et lorsqu’à la suite de ces informations, le hasard nous porte vers les chiffres de l’évolution d’une maladie dégénérative du cerveau telle que la maladie d’Alzheimer, le sentiment d’inquiétude est à son comble.
Bien entendu, tous ces symptômes s’accompagnent souvent d’atteintes au moral, à l’humeur, et aux possibilités de poursuivre ses activités quotidiennes ; d’autant plus que l’écoute médicale minimale est souvent défaillante. Il faut l’avoir vécu pour ressentir le niveau d’effarement lorsqu’un médecin, auquel vous exposez vos symptômes, vous interrompt pour « faire des poutous » avec sa femme au téléphone mobile, en pleine consultation médicale ! Il faut également l’avoir vécu pour comprendre l’ampleur du pouvoir médical lorsqu’un neurologue, auquel vous expliquez vos paresthésies faciales au contact des bornes d’émissions d’ondes wi-fi, se retranche derrière ses certitudes inébranlables et vous demande sur un ton énervé de sortir de son cabinet, en terminant par un « j’ai tout noté sur la prescription » ! Au dehors, vous ouvrez l’enveloppe destinée au médecin de famille et découvrez un seul mot : neuropsychiatre ! Nous n’osons imaginer les conséquences éventuelles de ce type de rapport médical dans le quotidien de certaines personnes moins informées de la situation, ou dont ledit médecin de famille ne s’insurgerait pas contre la réaction du « spécialiste ».
Au sortir d’une journée d’hospitalisation, notre corps est vanné, éreinté de l’agression subie dix heures durant par les réseaux internes de téléphonie sans-fil DECT [2], accompagnée des inévitables téléphones mobiles des patients, brancardiers, infirmiers et médecins, utilisés par tous malgré l’omniprésence des panneaux d’interdiction de l’engin. Nous comprenons alors qu’en cas d’hospitalisation, nous sortirons de l’institution abîmés.
L’atmosphère hospitalière ne l’est désormais plus pour notre corps.
Gérald Hanotiaux
A suivre : Se déplacer, dans sa ville ou dans le monde
[1] « Le vieillissement prématuré est en question », interview du Professeur André Vander Vorst (UCL), promoteur de la thèse de doctorat de Dirk Adang sur l’effet des ondes électromagnétiques sur les rats, « L’étude belge qui inquiète », Christophe Schoune et Christian Dubrulle, journal Le Soir, 24 juin 2008.
[2] Il s’agit des téléphones sans fil d’intérieur, au numéro fixe, dont le cornet est posé sur une borne émettant les micro-ondes. « DECT pour Digital Enhanced Cordless Telephone (Téléphone sans-fil numérique amélioré), anciennement Digital European Cordless Telephone, est une norme de téléphonie sans fil numérique destinée aux particuliers comme aux entreprises sur la gamme de fréquence 1 880 à 1 900 Mega-Hertz (micro-ondes) », wikipedia.