Inter-Environnement Bruxelles
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« C’est comme si on ne méritait rien d’autre »

Le logement social revêt de nombreuses réalités sociales pour leurs locataires. Pour certain.es, c’est un logement qualitatif occupé depuis des décennies, pour d’autres, une bouée de sauvetage au milieu d’un parcours de logement difficile. Pour d’autres encore, c’est une impasse, un appartement de (très) mauvaise qualité dans une tour construite rapidement au milieu d’un quartier inconnu, qu’ils ont été tenus d’accepter, faute d’alternatives viables. C’est de leur point de vue que nous souhaitons ici comprendre le logement social, en rendant compte de leur témoignage.

© Manu Scordia - 2023

À Bruxelles, la crise de l’accès à un logement abordable contraint des milliers de ménages à vivre dans des conditions indignes. Surpeuplement, insalubrité, loyer dépassant largement les 50% du revenu du ménage, propriétaires véreux, recherche de logement longues et angoissantes sont pour une grande part des Bruxellois.es une réalité quotidienne. Ce sont les conséquences inévitables d’un marché immobilier vorace, dirigé par l’intérêt privé [1].

En tant que travailleurs sociaux dans le secteur du logement, nous conseillons souvent à ces personnes, pour améliorer leurs conditions matérielles d’existence, de s’inscrire sur les listes d’attente pour un logement social, malgré un temps d’attente interminable. À l’autre bout du prisme, les logements publics sont censés apporter une réponse structurelle en proposant aux franges les moins aisées de la population un logement abordable et adapté à leurs besoins, voire tirer d’urgence les familles les plus précaires de situations intolérables.

Les témoignages de la douzaine de locataires que nous avons rencontrés, aux profils différents, nous permettent de comprendre la diversité des réalités sociales qui existent dans ces logements publics. Dans un souci d’anonymat, la SISP [2] de chaque personne-ressource ne sera pas citée. Ces expériences particulières montrent cependant comment le logement social peut répondre aux besoins d’une famille précaire, mais aussi comment il faillit parfois dans l’exécution de ses missions, quelle que soit la SISP concernée.

Dans l’attente du gros lot

Avant l’octroi d’un logement social, c’est d’abord l’inscription, puis l’interminable attente : c’est le cas de Mme Ndongo et de ses trois enfants qui se sont vu octroyer un logement social il y a quelques mois, 15 ans après son inscription. N’étant plus capable de payer le loyer de son précédent logement après la perte de son conjoint - et de son revenu - il-y-a quelques années, l’attribution de cette maison 3 chambres qu’elle occupe aujourd’hui dans un quartier calme du sud de la Région a été une délivrance : « L’espace, le calme, le voisinage, la forêt aux alentours, je ne pouvais pas rêver mieux », nous dit-elle. Après de longues années d’attente, les candidats doivent s’en remettre à la chance pour espérer que la proposition de logement rencontre leurs attentes. En découvrant le logement attribué nombreux sont les ménages, effondrés à l’idée de vivre dans tel immeuble ou dans tel quartier. C’est en pleurs et dans l’incapacité de refuser le logement, sous peine de radiation, que certaines familles nous expliquent avoir accepté le logement.

Mr El Azzouzi vit depuis six mois dans un studio, au premier étage d’un petit bâtiment construit dans les années 80, pour lequel il paye un loyer de 431€. Lui n’a pas dû attendre beaucoup de temps pour l’obtenir, seulement 6 mois. Avec pour seul mobilier un matelas, M El Azzouzi s’installe doucement dans un logement enfin stable. Victime d’un marchand de sommeil, il a été soutenu par le CPAS dans l’obtention d’une dérogation auprès de la SISP en charge de sa candidature pour passer avant les milliers d’autres inscrits : « J’ai finalement reçu une lettre du Logement Bruxellois pour me proposer un logement. C’était une surprise. »

Rares sont ceux qui, comme lui, obtiennent ces fameux passe-droits. Pour passer en tête de liste, les candidats n’ont d’autres choix que d’attendre l’obtention du nombre de points de priorité suffisants, accumulés au fil des années. A l’époque où Mme Van Humbeeck est rentrée dans son logement à la fin des années 1960, les candidatures ne faisaient pas l’objet d’un examen aussi rigoureux : « Je suis rentrée dans le logement il-y-a 50 ans, ça devait être en 69. On avait des problèmes dans notre logement. C’est l’agent de quartier qui nous a dit que de nouveaux logements étaient en construction et qu’il pouvait voir si l’un d’eux pouvait être disponible. On a eu l’appartement tout de suite grâce au bourgmestre. On ne pouvait pas payer de logement ailleurs. C’est plus comme ça maintenant. »

Mme Van Humbeeck n’a pas grand-chose à nous dire quand nous lui demandons si des problèmes se posent dans son logement. À part, peut-être, une vitre cassée par des enfants du quartier il-y-a une dizaine d’années et dont la SISP avait assuré gratuitement le remplacement. Très vite, elle nous montre la tour d’une dizaine d’étages en face de chez elle. Là-bas nous dit-elle, les habitants ont des problèmes d’isolation : « Quand tu vis dans le béton, t’entends tout, c’est très humide. Ici, c’est vraiment mieux. »

Insalubrité poil au nez

C’est dans cet immeuble que vit Mme Souka depuis une vingtaine d’années. Construite dans les années 70, la tour fait partie intégrante de cette cité-quartier, et témoigne d’une époque de construction massive de logements sociaux confortables pour l’époque mais dont la mauvaise qualité et les techniques utilisées à cette période ont précipité la détérioration.

« Je suis dans mon logement depuis 2005. J’ai attendu 4 ans, aujourd’hui c’est beaucoup plus long. Au début j’étais contente d’avoir un appartement social, mais les problèmes ont vite commencé, j’ai eu des problèmes de fuites et d’humidité. Quand je suis rentrée dans l’appartement, tu te demandais comment quelqu’un pouvait vivre ici. J’ai fait des travaux dans l’appartement pour 5000€, l’appartement était comme neuf ».

Quand elle nous accueille dans son appartement, les fenêtres ouvertes jour et nuit et l’encens qui brûle lui permettent de cacher « cette odeur d’humidité insupportable ». Ce n’est pourtant pas le seul problème qu’elle éprouve dans son logement.

En nous montrant un document, elle nous explique : « Ça fait six mois que je n’ai pas d’eau chaude, je dois bouillir de l’eau pour me laver. C’est comme ça dans toute la tour. Ils ont mis un produit très fort dans les canalisations et nous ont avertis par courrier que le produit était dangereux pour la santé, mais comme je ne sais pas lire, je n’ai pas compris le courrier. Personne n’est venu toquer à ma porte pour m’expliquer ».

Mme Baccouche vit elle aussi dans un bloc, construit à la fin des années 1950, un appartement 3 chambres avec son conjoint et ses 2 enfants dont l’un est handicapé. Arrivée il y a 2 ans dans ce logement, elle constate elle aussi des problèmes d’eau chaude : « Nous n’avons jamais eu d’eau chaude dans le robinet. Depuis peu, le robinet d’eau froide ne fonctionne plus non plus. Quand on veut l’utiliser, on actionne la vanne d’arrivée d’eau en dessous du lavabo ».

L’inertie

Pour ces problèmes techniques, les SISP peut mettre des années à réagir. M Bakir a grandi dans plusieurs logements sociaux. Jeune adulte, il habite avec sa famille un logement qu’il juge de bonne qualité et dont la vingtaine d’années d’occupation se sont déroulées sans problèmes. Mais récemment, des pannes l’ont poussé à bout de nerfs : « Ça fait trois ans que l’on a des pannes d’eau chaude, parfois chaque semaine, parfois de mois en mois. Ils envoient des techniciens réparer mais cela retombe toujours en panne. Après deux années de soucis, le service technique nous a informé que la chaudière serait remplacée seulement 4 ans plus tard ! On avait vraiment l’impression qu’ils n’en avaient rien à faire. Heureusement, suite à une plainte collective, nous avons pu faire en sorte que la chaudière soit changée plus tôt ». Ces problèmes techniques peuvent être encore plus graves, surtout en période de froid : « Cet hiver, nous n’avions pas de chauffage, nous dormions avec nos manteaux », nous explique Mme Baccouche.

Aussi, la piètre qualité de certaines constructions implique une très mauvaise isolation phonique. Couplée à la forte concentration de ménages dans ces immeubles, le résultat est éprouvant : « Depuis 37 ans, je n’ai jamais dormi une nuit sans bruit. Jamais une nuit sans bagarre », nous explique une voisine de Mme Baccouche. Cette configuration est également propice au développement de nuisibles, difficilement contrôlables à cette échelle. Pour Mme Baccouche, le problème est quotidien : « Ces deux dernières semaines, j’ai trouvé 17 souris. J’ai un budget pour ça chaque mois. Mon fils m’a demandé si ce n’est pas nous qui devions partir ; les souris étaient là avant nous finalement ».

Pour pallier ces problèmes, les SISP disposent chacune d’un service technique. Avec des budgets très limités dans un contexte de sous financement, elles sont contraintes de remplir des cahiers de charges conséquents pour les interventions les plus lourdes. Confrontés à des bâtiments vétustes, mal construits et mal entretenus, le service technique semble se retrouver souvent dans l’impasse. Si certains locataires le trouvent efficace, d’autres finissent complètement désabusés, convaincus que leur demande a été abandonnée depuis longtemps. C’est ce que Mme Baccouche nous explique : « Ça ne sert à rien de les prévenir, car il ne se passe rien. Ils remplissent un papier et puis voilà, c’est fini. Ils ne vous entendent pas. J’ai un enfant handicapé, un autre hyperactif, un mari avec des problèmes de santé très importants, j’ai pas de temps à perdre. On essaye donc de régler nous-même les problèmes qui se posent dans l’appartement ». Cette impossibilité de régler les problèmes est un constat partagé par Mme Souka : « Il y a des réunions en bas [de la tour], pour parler des problèmes, mais on parle toujours des mêmes choses. Je ne veux pas seulement aller vider mon sac, pour qu’après il ne se passe rien ».

Les SISP disposent aussi d’un service social, censé assurer le suivi des locataires et leur venir en aide en cas de pépin. Seulement, peu d’entre eux y ont recours et leur présence ne semble pas être une évidence, semble-t-il faute d’information. Parfois, un.e assistant.e social.e passe visiter les logements, comme nous en fait part Madame Souka :
« Parfois il y a des gens [du logement social] qui viennent ici regarder comment on vit, ils prennent des notes dans un carnet et une photocopie de notre carte d’identité, et pffffft, ils disparaissent ». Une autre locataire nous confirme ne pas se sentir très proche du service : « l’assistant social a encore changé. De toute façon, personne ici ne veut rester très longtemps dans le quartier… »

La rénovation

Dû à l’âge du bâti, parfois à une mauvaise gestion et à un mauvais entretien, et faute de moyens, certains ensembles de logements sont dans un état de délabrement avancé. Les SISP sont actuellement confrontées à une vague de rénovations nécessaires dans les grands ensembles construits dans les années 70-80. M Djalal, un jeune du quartier qui est né au logement social nous explique : « Ici avant les rénovations, c’était la merde, regarde, il y a encore un vieux bâtiment qui doit être rénové, imagine que tout était comme ça. Regarde comme ils sont rouillés les balcons. [Il nous désigne un bâtiment vétuste, aux vitres brisées, construit dans un béton uniforme] ». Il poursuit en nous parlant de la rénovation de son appartement : « Avant y’avait plein de problèmes dans l’appartement, les fenêtres étaient cassées, l’appartement était dans un sale état. Mais il y a deux ans, ils sont passés, ils ont refait la façade et mis des nouvelles fenêtres, installé une hotte, refait la salle de bain. Mais les fenêtres sont déjà cassées, elles ne ferment plus ».

Des travaux qui ne satisfont donc pas toujours les locataires, que ce soit par leur mise en œuvre ou leur résultat. Mme Van Humbeeck nous raconte : « Je suis bien dans mon appartement mais ceux qui sont restés dans le bâtiment, les rénovations, ce n’est pas l’idéal [elle me montre le mur nouvellement rénové déjà humide et dont des plaques sont tombées, laissant apparaître la fibre de verre]. Ce sont des matériaux de très mauvaise qualité. Regarde les balcons : j’aurais peur d’y aller et qu’ils s’effondrent ».

On peut imaginer le casse-tête que représentent ce genre d’opérations, qui nécessitent souvent de vider l’immeuble. Pour Mme Van Humbeeck, c’est évident, la place manque : « Ils ne peuvent pas rénover tous les appartements d’un coup. Où voulez-vous mettre les gens ?! ».

Justement, de la place, il en manque aussi dans les appartements. Pour les familles qui s’agrandissent, les mutations qui sont pourtant prévues ne sont pas toujours possibles, encore une fois faute de logements assez grands et en quantité suffisante. C’est à nouveau l’attente, souvent de nombreuses années. Alors la pression monte, et la promiscuité s’installe, comme nous explique M Djalal : « Nous on a envie de bouger de là. Maintenant à la maison y’a trop de pression. On a deux chambres, la chambre des parents, et une chambre pour quatre enfants. »

La cohabitation

Souvent, le logement social n’est pas en mesure de proposer un logement adapté aux spécificités de ses occupants. Pour les personnes handicapées, un appartement dans les étages supérieurs peut devenir un vrai calvaire, comme pour Mme Souka : « Parfois, je ne peux pas aller chercher mon pain parce que l’ascenseur est en panne. Avec mes problèmes de santé, c’est trop difficile de descendre et remonter jusqu’au 9ème. Quand c’est comme cela, j’appelle mon docteur, et c’est elle qui vient monter jusqu’ici avec mes courses, moi je ne peux pas ! ».

Madame Baccouche nous fait également part de ses préoccupations pour son fils : « Mon fils est autiste et n’est pas en sécurité ici. J’ai mis des meubles devant les fenêtres pour qu’il ne puisse pas les ouvrir. C’est trop dangereux ». A ses inquiétudes quant à un accident domestique, Mme Baccouche ajoute qu’elle est quotidiennement tourmentée par ce qu’elle voit en bas de chez elle : « Il y a un gros problème de drogue dans le quartier. Depuis très longtemps, avant que j’arrive ». Depuis plusieurs mois, un groupe occupe le hall d’entrée de son immeuble, s’en servant comme espace de vente et imposant l’omerta aux habitants sur leur trafic.

Mme Van Humbeeck, présente dans le quartier voisin depuis 50 ans, nuance quant à elle l’association facile entre logements sociaux et problèmes de sécurité. Après les années 1970, elle évoque des voisins proches, morts d’overdose, et des problèmes de drogue dans le quartier, mais elle décrit la cité d’aujourd’hui comme beaucoup plus calme. Ce qu’elle voudrait avant tout mettre en avant, ce sont les réseaux de solidarité qui s’y déploient : « Ici, je suis acceptée par tous les voisins. On s’entraide beaucoup. Je fais les courses pour une personne plus âgée que moi ! ». Ce que concède d’ailleurs Mme Souka : « Avec les voisins, ça se passe bien. L’étage où j’habite est assez calme, et là pendant les vacances, je suis là seule ici. Je connais plusieurs personnes dans la tour, il y aussi des familles du pays ».

Quelle que soit la gravité des problèmes rencontrés dans leur logement (niveau de sa salubrité, de sa correspondance avec la composition de ménage, de l’environnement direct du logement, etc.) il est compliqué d’entrevoir la possibilité de déménager. C’est ce que nous explique Mme Kozub, locataire depuis une dizaine d’années : « On attend 15 ans sur une liste d’attente, dans une situation souvent de grande détresse financière et sociale. Une fois qu’on obtient un logement, on ne le quitte plus. C’est ce qu’on se dit entre locataires. Peu importe ce que la vie nous présente, on ne quitte plus son logement ».

Les mutations

Quand il devient impératif de changer de logement et que les raisons sont suffisamment motivées eu égard au règlement encadrant les SISP, il faut encore attendre des années, parfois jusqu’au départ des enfants, pour recevoir une proposition de mutation : « Mes parents depuis qu’ils sont ici, ils veulent une mutation, mais ils attendent depuis des années. J’ai même changé d’adresse pour qu’on puisse avoir un trois chambre plutôt que quatre », nous explique M Djalal avant de continuer : « Moi j’aime bien le quartier, mais pour les petits, c’est mieux qu’ils bougent de là. Ils ont besoin de regarder au loin, ici ya que des tours, c’est tout compact, on dirait un vrai pacs [3]. »

Mme Baccouche, arrivée il-y-a seulement deux ans dans son logement, devra encore patienter très longtemps avant d’être mutée. Elle avoue éprouver une profonde jalousie et un grand abattement en entendant les histoires de ses anciens voisins ayant trouvé une échappatoire aux multiples problèmes qu’elle subit : « Un voisin a également été transféré. Quand on se croise, il baisse les yeux et me dit "courage" ».

Mais malgré les nombreux problèmes pointés ici par certains locataires, plusieurs personnes que nous avons rencontrées sont ravies d’habiter leur logement, qu’ils estiment être de bonne qualité, et qui connaissent son importance au regard de leur situation. M El Masry, un jeune adulte qui vit au logement social depuis son enfance nous l’explique : « A l’époque, ils nous ont donné un bon petit appartement tout nouveau avec deux étages. On est bien situé dans le quartier, on a tout à proximité, mais en même temps là où on est c’est calme. Dès qu’on a un problème, on appelle le logement social, et ils viennent réparer, ils réagissent vite. C’est quand même un énorme avantage, normalement pour un appartement comme le nôtre, ma mère paierait 1200€-1300€, là elle paye 600€ plus ou moins ».

À travers nos entretiens, nous pourrions mettre en avant plusieurs éléments conditionnant l’appréciation du logement social au sens large par ses bénéficiaires : la salubrité du logement, son adéquation avec la situation de ses occupants, le quartier environnant... Quand les problèmes s’accumulent, la seule raison qui pousse les locataires à rester dans le logement social est son prix, dans un contexte de flambée des loyers sur le marché privé. Sollicitées par les locataires pour résoudre ces différents problèmes, les services des SISP restent trop souvent, si pas sourds, du moins muets aux demandes qui leur sont formulées.

Pourtant, le logement social nomme le logement comme un besoin fondamental. En ce sens il propose de le rendre accessible pour les franges de la population les plus violentées par le capitalisme, notamment en les protégeant du marché immobilier privé. Si les sociétés de logement social se retrouvent confrontées aujourd’hui à un parc vétuste et mal entretenu, à une liste d’attente qui ne cesse de se rallonger et à l’incapacité de répondre aux demandes de ses locataires, ce n’est pas par désintérêt, mais par manque de moyens. Or, ces moyens dépendent d’une volonté politique qui ne fait jamais du logement social la priorité de ses intentions.

Le témoignage de Mme Souka ne pourrait être plus explicite à ce sujet : « Ils [les politiciens] sont venus faire une réunion ici, juste avant les élections. À chaque fois, en période électorale, ils règlent tous les problèmes, parce qu’ils veulent notre voix. Ils nous donnent un numéro, ils nous répondent et ils essayent de résoudre le problème. Après les élections, le numéro n’existe plus et ils ont tous disparu ».

À Mme Baccouche de conclure, plus sombre, ce sentiment :« On dirait que, parce qu’on est pauvre, ils ne veulent pas bouger. On ne les intéresse pas. Comme on est pauvre, on peut vivre comme ça. C’est comme si on ne méritait rien d’autre ».


[1Lire le Bruxelles en mouvements n°303, « Au marché du logement », novembre-décembre 2019.

[2Sociétés Immobilières de Service Public (SISP).

[3Sachet servant à contenir le cannabis.