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Bureaux : stop ?... ou encore ?

La Plateforme Logements Vides a mené une deuxième action ce mardi 5 mai. Une conférence de presse s’est réunie au pied d’un immeuble de bureaux vides au quartier nord. La Plateforme dénonce le trop grand stock de bureaux inoccupés à Bruxelles et revendique une réflexion et des mesures urgentes afin de réguler le marché des bureaux, actuellement saturé, ainsi qu’une politique coordonnée sur la transformation de bureaux en logements.

La transformation de bureaux vides pourrait créer environ 3 200 logements à Bruxelles.

Bureaux : stop ?... ou encore ?
Bruxelles a besoin d’une politique coordonnée de transformation de bureaux en logements

Etat des lieux

Selon une étude publiée récemment, il y a à Bruxelles près de 2 millions de mètres carrés de bureaux inoccupés, soit près de 18% de bureaux vides sur le stock de bureaux existants [1]. Ce chiffre représente tant les bureaux qui sont en vente ou en location sans trouver acquéreur, que les bureaux qui ne sont pas sur le marché parce qu’ils font l’objet d’un projet de rénovation, il y a aussi une série de bureaux dont l’avenir est incertain et qui ne font l’objet d’aucun projet.

A côté de ce stock de bureaux vides, il y a des nouvelles constructions en cours qui devraient apporter de 500.000 à 1millions de m² de bureaux d’ici 2010. Vu le nombre important de bureaux rénovés ou neufs qui seront bientôt mis sur le marché, d’autres bureaux moins neufs se videront et viendront encore augmenter le stock de bureaux obsolètes. Le marché est actuellement tout à fait saturé et on peut craindre dans le contexte de crise économique qu’il sera incapable d’absorber une telle quantité de bureaux, Il est donc fort probable que le nombre de bureaux inoccupés augmentera encore dans les prochaines années.

Le quartier Nord illustre bien un des aspects du problème, des tours de bureaux sont vides depuis des années alors qu’en face on construit de nouveaux bureaux.

La plateforme Logements Vides considère qu’il y a une réelle urgence à traiter ce problème et demande une réflexion et des mesures urgentes concernant le parc de bureaux en région bruxelloise. La Plateforme considère que la priorité doit être donnée à la réhabilitation du bâti existant avant de réaliser de nouvelles constructions.

1. Plan de densification

La Plateforme sollicite l’adoption par le gouvernement d’un plan de densification afin de déterminer, à partir d’études qui prennent en compte les bureaux inoccupés, la nécessité de construire de nouveaux bâtiments de bureaux, la pertinence de leur localisation et du maintien de la fonction bureau. Il est indispensable de développer une vision globale et à long terme de l’espace de la ville destiné à la fonction bureau pour laisser la place à la fonction logement et de réintroduire du logement dans des zones monofonctionnelles de bureau.

2. Encore des bureaux ?

Vu le nombre de bureaux inoccupés, on peut s’interroger sur l’opportunité pour les pouvoirs publics d’autoriser encore la construction de bureaux supplémentaires. Les autorités pourraient envisager de recourir à des moyens pour réguler le marché de bureaux : un des moyens serait d’adopter un moratoire sur la délivrance des permis de bureaux[2] dans l’attente du plan de densification. Les autorités régionales pourraient également optimaliser les charges d’urbanisme en tant qu’outil de régulation de la construction des bureaux

Les pouvoirs publics doivent d’une manière ou d’une autre encourager la rénovation des bureaux existants plutôt que les nouvelles constructions.

3. Transformation

Le bureau d’études BRAT a établi en 2007, à la demande de la Secrétaire d’Etat au Logement François Dupuis, un inventaire des bureaux qui pourraient être transformés en logements. Selon cette étude, 3.200 logements pourraient ainsi être crées sur une superficie de 350.000 m² de bureaux.

Au vu du nombre de m² de bureaux qui risquent d’être excédentaires, la transformation de bureaux en logements devient urgente.

La Plateforme Logements vides en appelle donc au prochain gouvernement pour qu’il prenne, à brève échéance, des mesures fiscales et urbanistiques pour encourager la transformation de bureaux en logements et qu’il s’engage à mettre sur pied un service régional de transformation des bureaux en logement. Le rôle de ce service serait d’inciter et de soutenir les propriétaires de bureaux vides dans la rénovation de leurs bureaux vides en logements.

Les pouvoirs publics pourraient également acquérir eux même des bâtiments de bureaux inoccupés pour les transformer en logements abordables ou financer ces transformations.

La Région pourrait également créer un service régional de transformation temporaire de bureaux inoccupés en logements. Ces bureaux inoccupés sont souvent dans un bon état et facilement adaptables pour héberger des ménages de manière temporaire. Ce service étudierait la faisabilité, procéderait aux travaux nécessaires et jouerait le rôle d’intermédiaire entre propriétaires et locataires.

4. La taxe sur les bureaux inoccupés

Certaines communes surtaxent les immeubles de bureaux inoccupés[3], cette pratique devrait se généraliser pour contraindre les propriétaires de bureaux inoccupés à entreprendre la réaffectation de leur immeuble.

Contacts



[1] « Observatoire des bureaux - Vacance 2008 et vacance cachée » , Région de Bruxelles-Capitale et Société de développement pour la Région de Bruxelles-Capitale, 23/2009.
[2] Un avant projet d’ordonnance qui a pour but de limiter la surproduction de bureaux et la transformation de bureaux en logements est actuellement sur la table du Gouvernement. L’idée est d’utiliser un nouveau mécanisme de suspension de la délivrance des permis lorsque l’inoccupation des immeubles de bureaux existants a atteint le seuil de 10 % du parc d’immeubles de bureaux. Les permis seraient encore délivrés pour des constructions mixtes (bureaux et logements) et dans l’hypothèse ou le demandeur du permis s’engage à transformer en logements les bureaux qu’il quitte.
[3] C’est le cas notamment des communes de Berchem-Sainte-Agathe et d’Auderghem qui prévoient des taux plus élevés pour les bureaux inoccupés.