Le développement des institutions
Ce développement effréné du secteur a été largement porté par l’implantation des nombreuses administrations et institutions tant régionales, que nationales et internationales [2]. Celles-ci occupent de fait pas moins de 50% du parc de bureaux bruxellois, le reste des superficies étant occupées par des entreprises privées. Un dernier chiffre : les bureaux bruxellois n’occupent pas moins de 480 000 employés. En moins d’un siècle, la ville a tourné le dos à son passé industriel. Aujourd’hui encore, les activités productives, les petites et moyennes entreprises ne cessent de s’expatrier vers les autres régions du pays. Face aux bureaux, la concurrence pour le foncier est rude. Manque d’espaces, hausse des prix, ce sont a priori les fonctions les plus faibles (ou les moins rentables en terme de loyer) qui quittent le navire les premiers.
La fuite des habitants
Mais les habitants aussi ont massivement cherché à s’installer en périphérie en quête d’un cadre plus vert et d’un logement plus abordable. Le développement de quartiers de bureaux monofonctionnels, empreints d’une vision moderniste/fonctionnaliste, a largement favorisé ce phénomène. Certains quartiers (quartier Léopold et quartier Nord en particulier) ont été vidés de leurs habitants à coup de rachats et d’expropriations, tandis qu’un important réseau d’infrastructures routières et ferroviaires a été mis en place pour gérer les flux entre lieux de travail et périphérie. Toutes ces transformations ont de fait considérablement marqué le paysage bruxellois. Physiquement d’abord, par la destruction de quartiers entiers et la création d’importantes barrières qui ont amené la déstructuration du tissu urbain (jonction Nord-Midi, Petite Ceinture,...). Et socialement ensuite, dans la mesure où, si les propriétaires fonciers auront souvent trouvé leur compte dans l’opération, il n’en va pas de même pour les habitants locataires. Ceux-ci auront dû faire face à la fois à la fermeture ou à la délocalisation des entreprises qui les employaient et à la perte de leur logement. Bruxelles, siège des institutions, ville administrative et de services donc, mais à quel prix ? Avec ses 12 millions de m2 de bureaux, Bruxelles arrive au deuxième rang européen en proportion de bureaux par habitant (après Zürich) [3]. Une manne céleste en termes d’emplois, certes. Bruxelles arrive également au deuxième rang européen en terme de création de richesse (après Luxembourg ville) [4]. Seulement voilà, ce ne sont majoritairement pas les Bruxellois qui en profitent. Il suffit pour cela d’examiner les chiffres du chômage (+/- 20% dans notre belle capitale) ou encore de se pencher sur le sous-financement dramatique de notre Région pour le comprendre.