Bruxelles, ville-Région, cela pourrait être beaucoup mieux, mais Bruxelles sans Région, c’était et ce serait infiniment pire. Aujourd’hui, lorsque l’on voit un Gouvernement fédéral se mettre en place avec un programme de majorité manifestement adopté sans les Bruxellois·es, et dont certaines mesures sont clairement en défaveur du bon fonctionnement et des finances de notre Région, l’ombre de ces décennies qui reléguaient Bruxelles à un rôle secondaire plane à nouveau sur nous. Et nous retrouvons les menaces à peine voilées de mise sous tutelle et les ambitions hégémoniques de certaines forces politiques.
Rejoignez-nous à la manifestation nationale ce jeudi pour manifester notre opposition au programme du gouvernement Arizona ! Rendez-vous sous les bannières et banderoles « Commune Colère » et IEB.
Le droit des Bruxellois·es à avoir leur mot à dire dans le devenir de leur ville est l’un des combats fondateurs d’IEB, fédération de comités et de groupes d’habitant·es. Ce combat a contribué à aboutir, en 1989, à la création de la Région bruxelloise, première étape aussi insuffisante qu’indispensable d’une démocratie urbaine effective, pour laquelle IEB continue à se battre aujourd’hui.
Certes, IEB cultive une distance critique vis-à-vis des mandataires politiques, assumant pleinement son rôle de contre-pouvoir. Certes, nous avons pu déchanter partiellement de cette Région que nous avons tant attendue, voyant notamment comment la procédure de publicité-concertation, visant à démocratiser l’urbanisme, est constamment vidée de son sens lorsque les pouvoirs publics et les promoteurs immobiliers entendent s’en servir comme chambre d’entérinement de décisions déjà prises bien en amont.
Mais rien de tout cela ne nous fera oublier la bruxellisation, l’urbanisme clandestin et les autres méfaits des décennies précédant 1989. Bruxelles sans autonomie, c’est la destruction du quartier Nord, les viaducs autoroutiers en pleine ville, l’aberrante cité administrative, la destruction de la Maison du Peuple… Sans la résistance de ses habitant·es, cela aurait aussi été la destruction d’une partie des Marolles pour une extension du Palais de Justice, tout comme la destruction d’une bonne partie d’Anderlecht au profit d’une autoroute urbaine vers Paris et bien d’autres projets tous plus délirants les uns que les autres. Car Bruxelles sans Région, c’était une ville cantonnée à sa simple fonction de capitale, gérée par et pour les navetteurs et les intérêts privés, sans le moindre égard pour ses habitant·es.
Aujourd’hui, lorsque l’on voit un Gouvernement fédéral se mettre en place avec un programme de majorité manifestement adopté sans les Bruxellois·es, et dont certaines mesures sont clairement en défaveur du bon fonctionnement et des finances de notre Région, l’ombre de ces décennies qui reléguaient Bruxelles à un rôle secondaire plane à nouveau sur nous. Et nous retrouvons les menaces à peine voilées de mise sous tutelle et les ambitions hégémoniques de certaines forces politiques. Pour résumer, Bruxelles, ville-Région, cela pourrait être beaucoup mieux, mais Bruxelles sans Région, c’était et ce serait infiniment pire.
Chose rare, nous en appelons donc aujourd’hui aux politiques bruxellois·es à prendre leurs responsabilités vis-à-vis de leur ville et vis-à-vis de celles et de ceux dont ils tirent leur légitimité : Bruxelles a besoin d’un gouvernement régional réunissant les forces prêtes à défendre Bruxelles et ses habitant·es, leurs droits politiques à gérer leur ville, leurs droits sociaux et leur droit à un environnement sain.
Dans un esprit d’assainissement des finances publiques, le premier acte solennel de ce gouvernement devrait être l’abandon du pharaonique et financièrement intenable projet de Métro 3, qui a lui seul mine les bourses de notre Région et donne ainsi prise à celles et ceux qui veulent du mal à l’insolvabilité de Bruxelles pour la mettre sous la tutelle de l’État fédéral.