Les modèles qui simulent l’évolution des climats prédisent que sous nos latitudes, il faut s’attendre à la fois à une augmentation des périodes de sécheresse et une augmentation des périodes de grandes eaux (inondations). Dans les deux cas, l’eau sera un cheval de bataille. Ou plutôt, pour beaucoup, l’eau est déjà une bataille, de tous les jours.
Pour une partie croissante de la population, l’eau pour prendre soin de son corps, boire, cuisiner, se laver, laver son linge, évacuer ses déjections devient de plus en plus difficile d’accès. Logements vétustes, surpeuplés, inadaptés, ou pas de logement du tout, budgets étriqués, montants des factures,… les causes de l’exclusion de l’eau, ce bien pourtant décrété « Bien commun de l’humanité » ou « Droit fondamental », sont nombreuses. Et pour ceux·celles qui se retrouvent exclu·e·s, Bruxelles est terriblement sèche. Pas un seul équipement public fonctionnel ne donne accès à l’eau gratuitement, en dehors de quelques « points d’eau » (robinets ou fontaines) où il est souvent impossible de poser ne fût-ce qu’une bouteille… et qui ne fonctionnent pas en hiver.
À l’heure où les autorités bruxelloises et la compagnie de distribution annoncent l’augmentation des tarifs, il nous a semblé utile de comprendre ce qui est à l’œuvre aujourd’hui en matière d’eau, qu’elle inonde les habitations ou se fasse rareté. C’est dans cette perspective que les auteur·e·s de ce numéro de Bruxelles en mouvements s’attellent à décrire le système-eau bruxellois, décrivent les batailles qui s’annoncent et les nécessaires nouvelles alliances qu’il faudra déployer, avec les habitant·e·s, pour rendre ce système plus juste et moins absurde.
Issu·e·s du monde associatif ou de la recherche, les contributeurs·trices de ce numéro dressent ensemble le constat des réalités et des vulnérabilités hydriques et esquissent les pistes des nécessaires changements à venir.