D’un point de vue environnemental, le PRDD dessine pour 2040 une Bruxelles plus dense – pour accueillir le boom démographique annoncé – et plus verte. Il constate des manquements dans l’actuel milieu de vie des Bruxellois·es en matière d’équipements, d’espaces verts, de logements sociaux, etc. sans pour autant proposer d’outils opérationnels pour y pallier. Ce flou artistique ne peut que désavantager ces fonctions « faibles » [1] face à d’autres, plus fortes et plus rentables aux yeux du marché, telles que le logement moyen et de standing.
Dans l’imminence de la crise sociale et environnementale, la capacité de résilience [2] et la « durabilité » [3] des villes sont devenues des éléments de langage fondateurs du discours des décideurs. La densification urbaine est présentée comme l’un des outils de réalisation de ces objectifs.
Si la Région a besoin d’une « vision », son besoin d’objectifs tangibles qui assureraient un équilibre et une articulation entre social, environnemental et réels processus participatifs mérite lui aussi d’être énoncé afin de ne pas aggraver certaines des problématiques présentes en Région bruxelloise. Ces dernières touchent tant la démographie que la mobilité, mais aussi l’équilibre entre les différentes fonctions urbaines, l’érosion des zones naturelles face à l’urbanisation et les inégalités sociales qui ne cessent de s’accroître.
Tentons de décrypter les propositions de ce plan stratégique concernant le cadre de vie des Bruxellois·es.
BOUM BOUM BOUM
Dans le dessein de répondre à la croissance démographique projetée à Bruxelles [4], le PRDD annonce une nécessité de densification « qualitative et maîtrisée ». Cette croissance serait deux fois supérieure à celle des autres Régions belges, principalement en raison de la hausse du solde migratoire international, et équivaudrait à l’arrivée de 10 000 nouveaux habitants par an jusqu’en 2025. Elle se réduirait alors à 9000/an à l’horizon 2040.
Au sein de la Région, il existe d’importants déséquilibres démographiques qu’il faut veiller à ne pas creuser davantage. La qualité de vie et l’accès aux aménités urbaines pâtissent souvent d’une concentration élevée d’habitants dans des quartiers n’ayant pas été conçus pour l’absorber. Pour l’heure, la moyenne brute est de 73,6 habitants par hectare. La répartition entre les communes est très inégale ; de 240 à Saint-Josse, elle tombe à 19 à Watermael-Boisfort [5]. Le boom amènerait la moyenne régionale aux alentours de 87 habitants par hectare en 2040 [6]. Pour loger ces habitants, la Région planche sur un besoin en nouveaux logements de 3 000 à 4 000 unités chaque année, publics et privés confondus [7].
La densification urbaine, actuellement plébiscitée par les urbanistes et les planificateurs, promet d’accroître le nombre d’habitants sur une même portion de territoire tout en garantissant l’accès aux fonctions urbaines de logement, de loisir, de production et de déplacement. Elle est considérée par les planificateurs comme un levier de réalisation de la ville durable. Cette qualité lui est attribuée notamment en raison de sa capacité présumée à lutter contre l’étalement urbain – tendance prégnante de ces dernières décennies – et les fléaux qui en résultent : la pollution et l’engorgement liés aux transports engendrés par les va-etvient des navetteurs, la consommation de terres non bâties qui entraîne le grignotage des zones naturelles, les dépenses afférentes en infrastructures (d’égouts et d’eau, de transports, d’électricité, de collecte et traitement des déchets, etc.).
Elle améliorerait la qualité du vivre ensemble par l’accroissement de la mixité fonctionnelle et sociale mais également par l’accès pour tous à des transports collectifs et aux aménités urbaines. D’aucuns estiment qu’une densité maîtrisée peut contribuer à une réduction des inégalités sociales via la lutte contre les « ghettos », les déserts urbains, et un meilleur accès à l’emploi, aux services de santé et de mobilité pour les plus précaires. Malgré la mise en avant par les aménageurs des côtés les plus attractifs de la densification, le rêve de la quiétude périurbaine incarné par la villa quatre façades reste bien ancré dans les mentalités.
Malgré une recette alléchante, certaines des propositions soumises par le PRDD ont soulevé des questionnements et inquiétudes.
LA RECETTE DU PÈRE DÉDÉ
Première étape, densifier le tissu existant :
➞ Localiser les réserves foncières vierges de la Région et les saupoudrer de nouveaux quartiers ;
➞ Ajouter une pincée d’immeubles élevés [8] ;
➞ Restructurer les grands îlots et aménager les logements vides au dessus des commerces ainsi que les friches ;
➞ Attention, veiller à rééquilibrer première et seconde couronne en remplissant les dents creuses et espaces non-bâtis en privilégiant les quartiers les plus aérés ;
➞ Si nécessaire, dans les zones les plus serrées, dédensifier les intérieurs d’îlots qui pourront d’ailleurs y faire l’objet d’une protection accrue ;
➞ Ne pas hésiter à expérimenter de « nouvelles formes d’habiter » et à partager les infrastructures dans un souci de rationalisation de l’espace et de ressources ;
➞ Pour finir, mixifier les fonctions, par exemple en utilisant le dispositif des ZEMU (zones d’entreprises en milieu urbain) mis à disposition à cette fin.
Deuxième étape, renforcer la structure urbaine : densifier le long des espaces ouverts existants, axes urbains, parcs, etc.
Vous obtiendrez, par ces deux approches dites complémentaires, une Bruxelles qualitativement densifiée qui promet d’offrir les nombreux avantages susmentionnés dont celui d’un accès à des espaces verts de qualité.
Malgré une recette alléchante, certaines des propositions soumises par le PRDD ont soulevé des questionnements et inquiétudes, exprimés durant l’enquête publique [9]. Devant l’ampleur de la contestation, la Région a d’ailleurs décidé de revoir certains points de sa copie puisque la désignation de voies structurantes et de sites pour y bâtir des tours a été supprimée dans l’intervalle.
Si les plans de Perspective.brussels mettent l’accent sur les conditions à remplir pour atteindre une densification qualitative, certains points de vigilance doivent être mis en exergue pour assurer qu’elle le sera, et le sera pour tous.
Lorsque l’on vise la réalisation d’une ville « durable », « marchable » [10] et « multipolaire », cela nécessite une remise en question drastique de la place dédiée à la voiture dans nos rues et la mise à disposition de transports publics accessibles et efficaces. Pourtant, en matière de transports, les récents projets dévoilés et en cours laissent dubitatif par leur manque de réalisme ou d’efficience ; mauvaise coordination du timing entre construction des logements/infrastructures et raccord aux transports publics, mésestimation de la pression supplémentaire que devront subir les lignes existantes ou encore absence pure et simple de plans de mobilité afférents.
La même logique tend à s’appliquer aux équipements collectifs [11] dont les besoins s ont parfois mal estimés, principalement quand les quartiers se densifient à coups de projets de petite ou moyenne ampleur non coordonnés. De nouveaux habitants affluent alors mais l’offre en équipements demeure constante et se trouve peu à peu saturée.
La « mixité sociale » doit faire l’objet d’une attention toute particulière pour ne pas se réaliser au détriment des plus précaires.
En matière de mixité fonctionnelle, le dispositif des ZEMU semble tourner au désavantage des entreprises et en faveur du logement, plus rentable, dont la construction est désormais permise à large échelle sur ces zones. La question de la possibilité et de la volonté de maintenir des activités productives dans l’enceinte de la ville se pose, alors même que ces entreprises contribuent à plus d’un titre au fonctionnement « durable » de Bruxelles [12].
Il arrive également que, dans des communes pourtant déjà denses, des projets d’urbanisation d’intérieurs d’îlots ou d’espaces verts – rares donc – obtiennent l’aval des autorités.
Par ailleurs, dans une dynamique choisie de densification, la « mixité sociale » doit faire l’objet d’une attention toute particulière pour ne pas se réaliser au détriment des plus précaires.
En effet, d’une part la démolition-reconstruction du bâti existant entraîne, outre de longs et pénibles chantiers – et des bilans carbone parfois désastreux –, l’érection de constructions aux standards, et donc à la valeur, plus élevés. D’autre part, les projets de densification réussis et la nouvelle attractivité qu’ils confèrent à un quartier peuvent également tirer les prix du foncier vers le haut. La capacité de lutte contre l’étalement urbain conférée à la densification est alors à remettre en perspective, certains ménages étant susceptibles d’aller chercher des logements abordables en périphérie.
Une solution imparable pour remédier à ces potentiels effets négatifs de la densification sur les populations paupérisées existe : la planification et la présence de logements sociaux, un instrument redoutablement efficace pour « rendre le logement accessible à tous » [13]. Ils permettent de contrer les effets négatifs de la flambée des prix du marché locatif dans un quartier donné en assurant l’accessibilité aux moins nantis à des logements situés dans des emplacements « désirables ». Avec pour seule exigence actée dans le PRDD l’introduction de 15% de logement public [14] dans les zones stratégiques définies et moins de 10% de logements sociaux sur les 4 000 logements édifiés chaque année à Bruxelles (et ce malgré la liste à rallonge des ménages en attente [15]), difficile de ne pas se montrer pessimiste quant à l’utilisation de ce levier en faveur d’une réelle mixité sociale. De plus, une législation visant à favoriser la construction de logements dits « abordables » a été mise en place depuis 2013. Destinées à compenser les coûts engendrés pour la collectivité par les projets de lotissements de grande envergure, les charges d’urbanisme peuvent servir à financer des équipements collectifs mais également du logement social. Ni les pouvoirs publics ni les promoteurs ne semblent vouloir se saisir de cet outil à ces fins. Ces compensations sont le plus souvent encaissées en deniers ou réalisées sous forme d’équipements collectifs [16].
« NATURE EN VILLE » VERSUS « NATURE OU VILLE »
La densification tend également à exacerber la tension entre l’urbanisation et la présence de la nature en ville. Bruxelles se targue d’être l’une des villes les plus vertes d’Europe avec ses quelques 19,61 m² d’espaces verts par résident, « 54% du territoire correspond à des espaces verts ou assimilés » [17]. La forêt de Soignes et les parcs contribuent à cette réputation mais aussi les intérieurs d’îlots, majoritairement privés. Depuis plusieurs années, la superficie totale d’espaces verts – y compris ceux qui bénéficient d’un statut de protection – s’amoindrit, sous la pression de l’urbanisation.
Ces espaces sont inégalement répartis sur le territoire. La première couronne est en déficit criant et le manque de disponibilité d’espace pour en créer l’est tout autant. Malgré cela, le Plan Nature 2016-2020 [18] et le PRDD promettent à chaque Bruxellois·e de « disposer d’un espace vert accessible et accueillant de plus de 1 hectare à moins de 400 m de son habitation, et de moins de 1 hectare à 200 m ».
Sur un territoire restreint comme celui de la Région bruxelloise, il semble inévitable d’opérer des choix entre l’urbanisation et le maintien ou l’introduction d’espaces verts. Ceux-ci devraient, dans l’idéal, être réfléchis au cas par cas en fonction des besoins du quartier et non de la rentabilité des opérations projetées.
TOITS SUR POTAGERS OU POTAGERS SUR TOITS
Le choix est d’autant plus épineux quand se présente la situation où des logements sociaux doivent être bâtis sur des espaces naturels [19]. Ce sont alors deux raretés qui sont mises en concurrence. Ces espaces menacés d’urbanisation, cultivés ou non, sont défendus par les citoyen·ne·s notamment pour leurs fonctions sociales et parfois historiques, pour leur contribution à la biodiversité et à un environnement urbain de qualité. Les défenseurs de ces terres préconisent la réaffectation des nombreux logements et bureaux vides, qui pourraient, selon eux, permettre la préservation des terres non bâties. Ces arguments se confrontent aux tenants de la nécessité de soutenir tout projet de construction de logements sociaux, déjà si exceptionnel, et ce, quelle que soit leur localisation.
Une lutte complexe qui émane de l’incapacité des pouvoirs publics à faire de ces deux éléments une priorité tout en se refusant à proposer des combinaisons qui pourraient s’avérer très pertinentes ; par exemple, des logements sociaux, d’une part, des potagers accessibles – aussi – à leurs résidents, d’une autre.
La densification tend également à exacerber la tension entre l’urbanisation et la présence de la nature en ville.
Un autre plan stratégique de la Région concerne plus précisément la protection des espaces potagers en ville : GoodFood. Il vise plus largement à mettre en place un système alimentaire durable par différents moyens dont une production locale en fruits et légumes qui couvrirait 30% des besoins de la région d’ici 2035 ou encore la préservation de 100% des terres agricoles de la région [20]. Des objectifs louables – et très optimistes – mais qui posent question au vu de la baisse constante de la superficie totale de ces potagers urbains. Ces espaces de culture en ville gagnent pourtant en popularité et leurs capacités de mobilisation des foules s’accroît mais le soutien des politique face à l’assaut des bétonneuses fait décidément défaut. Parallèlement à l’étiolement des surfaces cultivables au sol, de nouvelles formes de cultures potagères se développent et contribuent à inscrire ces pratiques dans l’économie de marché, à laquelle elles échappaient parfois encore.
Parmi ces innovations, l’agriculture sur toit cristallise de nombreux espoirs pour l’autosuffisance et le maillage vert des villes. Plusieurs exemples existent, perchés sur des bâtiments bruxellois – dont les 4 000 m² sur le toit du Foodmet ou encore les 360 m² de l’Urban Farm sur le Delhaize de Boondael. Que peut-on réellement attendre de ces infrastructures encore à l’état d’expérimentation ? Actuellement les nombreux intrants nécessaires et les conditions de production – nature de sol et profondeur limitée – restreignent le choix des cultivars à des variétés qui permettent la création d’une forte valeur ajoutée (plantes aromatiques, légumes feuilles…). Elles sont de surcroît très énergivores (ne fût-ce que par les moyens qu’elles exigent en terme de renforcement du bâti) et peu pourvoyeuses d’emplois. Souvent présentées comme compensation à la perte de terres arables, elles ne peuvent pourtant pas actuellement se substituer à des cultures sur – et dans – le plancher des vaches, ni d’un point de vue productif, ni du point de vue de leur accessibilité, strictement restreinte.
Par ailleurs, qu’il s’agisse de potagers ou d’autres types d’espaces verts, la présence d’éléments végétaux contribue à un espace public de qualité. Leur introduction dans un quartier – surtout quand il s’agit d’un quartier populaire – peut avoir, tout comme n’importe quel élément de revitalisation urbaine, des effets indésirables sur ses primo-habitants. La qualité de vie accrue conférée par ces aménagements tend à attirer une population plus riche et à évincer, à terme, les autres, qui ne profiteront pas des améliorations apportées. Ce phénomène qui porte le nom d’écogentrification ou gentrification verte, introduit la nature en ville comme valeur ajoutée.
LA NATURE COMME PRESTATAIRE DE SERVICES URBAINS
Dans les discours adoptés par les différents plans stratégiques susmentionnés – le plan nature et la stratégie GoodFood, le PRDD – les espaces verts sont voués à remplir diverses fonctions : espaces de respiration, de sociabilité, aux vertus pédagogiques et bénéfiques pour la santé, etc.
Ces bénéfices tirés directement ou non par les sociétés humaines des écosystèmes peuvent être regroupés sous la notion résolument anthropocentrique de « services écosystémiques ».
Ces écoservices sont souvent classés en trois catégories : approvisionnement (agriculture, chasse, sylviculture, etc. qui sont fréquemment surestimés car les bénéfices tirés des écosystèmes sont confondus avec ceux liés au travail humain), régulation (pollutions, cycle de l’eau, maladies, climat, etc.) et culturels (esthétiques, éducatifs, récréatifs, spirituels, etc.). Cette notion de services écosystémiques (SE), tend à se substituer à celle de biodiversité et « renforce les tentatives d’évaluation monétaires de la biodiversité » [21].
Subtilement, et sous couvert d’une rigueur scientifique – incontestable donc –, elle emmène les stratégies de conservation de la nature, mais aussi nos considérations pour cette dernière, dans une logique de marché. Les écosystèmes y sont réfléchis tantôt comme contrainte, tantôt comme adjuvant, mais avec toujours en tête une notion instrumentalisante de rentabilité.
Dans ce processus, des subtilités sont laissées à la marge et des questions évincées. Premièrement, celles de la différence entre biodiversité et fonctionnement des écosystèmes. Dans un second temps, non content de ne s’intéresser qu’à l’utilité de la nature pour les humains, la notion même de service renvoie à une notion bénéfique et donc à une certaine idée du BIEN.
Une ville vivable où les raretés tels qu’espaces verts et logements sociaux ne sont plus mis en concurrence.
Celle-ci lisse la question du ou des bénéficiaires de ces services. Sont-ils d’utilité individuelle ou collective ? Quel·le individu ou collectivité servent-ils et au détriment de quel·le autre ? À qui revient le rôle de statuer sur des méthodes d’évaluation et donc, par exemple, de trancher si la nature qui permet la création immédiate d’emplois bien tangibles est plus ou moins importante que l’ensemble complexe des éléments qui nous assure l’accès durable à un air de qualité ? Peut-on mettre un prix sur les ressources naturelles ?
Le concept de SE, même s’il est très orienté par des valeurs économiques, n’est cependant pas à rejeter en bloc. Il part de l’hypothèse, nullement démontrée, que la préservation de la biodiversité optimalise l’approvisionnement en SE. Ainsi, il a le mérite d’inciter, si pas au respect de la nature, à sa conservation dans une certaine mesure.
Il est nécessaire de garder à l’esprit que « définir les objectifs de conservation sur base de l’approvisionnement en services écosystémiques reviendrait à délaisser des pans entiers de la nature, ceux qui ne contribuent pas à la croissance économique en premier lieu » [22].
Ce point de vue monétaire rendu omniprésent par les tentatives d’évaluation des services fournis par la nature laisse aussi sur la touche des valeurs éthiques et des formes de relation bien plus complexes aux milieux, à commencer par leur valeur intrinsèque et propre – indépendante donc de toute notion d’utilité pour l’humain – pour la cloisonner dans une logique productiviste et individualiste.
CE QUE NOUS VOULONS
L’urgence de transformer la ville pour absorber le « boom » démographique annoncé laisse la porte ouverte à l’exacerbation de la construction d’une ville à deux vitesses.
Nous voulons que dans cette démarche entreprise par les pouvoirs publics, le droit à la ville pour tous soit la ligne de mire. Si une densification urbaine nous est imposée, sa mise en œuvre doit être une opportunité pour résorber les inégalités et dysfonctionnements actuels.
Nous voulons un cadre qui vise à assurer un logement décent et abordable pour tous, une mobilité et des équipements collectifs adaptés et réfléchis en amont des projets. Une ville vivable où les raretés tels qu’espaces verts (cultivés ou non) et logements sociaux ne sont plus mis en concurrence mais articulés en fonction des besoins des Bruxellois·e·s ; où la nature n’est ni un luxe réservé aux plus nantis ni réduite à sa seule valeur monétaire et considérée comme pouvant être facilement « compensée ».
La planification urbaine est une construction sociale résultant des choix opérés – ou tout du moins entérinés – par les pouvoirs publics. Ces derniers sont trop souvent guidés par des logiques qui tendent à faire de la ville un espace attractif qui s’adresse plus aux marchés qu’aux habitant·e·s. Il est capital de garder en tête les questions suivantes, qu’Henri Lefebvre posait : « Quelle ville voulons-nous ? Quel genre de personnes voulons- nous être ? Quelles relations sociales poursuivons-nous ? Quels rapports à la nature défendons-nous ? Quelle vie quotidienne désirons-nous ? Quelles technologies jugeons-nous appropriées ? » [23]
Inter-Environnement Bruxelles
Chargée de mission, co-coordinatrice
[1] Voir l’article « article 40301 » dans ce dossier, p.8-11.
[2] L’organisation des Nations Unies définit la résilience comme « la capacité [d’une ville] à résister, absorber et corriger les effets d’un danger, en temps opportun et de manière efficace », https://smartcity.brussels/news-139-la-ville-resiliente-l-autre-visage-de-la-smart-city.
[3] La ville durable est une ville fondée sur les trois piliers du développement durable et mêle environnemental, économique et social. Elle est une ville de proximité qui doit pouvoir se maintenir dans le temps, offrir une qualité de vie en tout lieu, réduire les inégalités sociales et les dégradations écologiques, etc.
[4] Les prévisions démographiques sont, de l’aveu du PRDD, sujettes à des variations d’appréciation et ne peuvent bien entendu pas prendre en compte tous les éléments (climatiques, politiques et autres) qui influenceront les flux migratoires.
[5] Monitoring des Quartiers « Densité en région bruxelloise 2016 » http://monitoringdesquartiers.brussels/maps/statistiques-population-bruxelles/densite-region-bruxelloise/densite-de-population/0/2016/.
[6] PRDD, p.8.
[7] PRDD, p.35.
[8] Notons ici que les « immeubles élevés » sont souvent pointés du doigt pour être énergivores dans leur fonctionnement et ne pas offrir une densité plus élevée que des immeubles de type haussmannien tout en provocant plus de désagréments (ombre portées, tourbillons de vent, design parfois douteux et peu en lien avec l’architecture des quartiers).
[9] 70% des courriers reçus à propos de l’Axe 1 du PRDD « Mobiliser le territoire pour construire l’armature du développement territorial et développer de nouveaux quartiers » portaient sur la densification, les immeubles élevés et le logement social.
[10] La ville marchable est une ville où le nécessaire du quotidien est à portée de marche, elle s’inscrit dans une dynamique opposée au « tout à la voiture ».
[11] Crèches, écoles, centres culturels et/ou sportifs, structures de soins, etc.
[12] Voir dans ce numéro « article 40303 »
[13] PRDD, p.36.
[14] Le PRDD stipule bien « public » et non pas « social ».
[15] 44 000 ménages inscrits sur la liste d’attente à ce jour.
[16] Voir : « Tour & Taxis : et les charges d’urbanisme ? ».
[17] PRDD, p.6.
[18] Le Plan Nature est régional et vise à « concilier le développement de la ville avec la nature, la rendre accessible à tous et placer l’humain au cœur de ce développement » https://environnement.brussels/thematiques/espaces-verts-et-biodiversite/action-de-la-region/le-plan-nature.
[19] Comme l’illustre le cas du potager Boondael-Ernotte. Voir : « article 31232 »
[20] 252 hectares sont déclarés comme tels et 118 inscrits au PRAS en zones agricoles.
[21] V. MARIS, « Nature à vendre », 2014, éd. Quae.
[22] Ibid.
[23] H. LEFEBVRE cité par D. HARVEY, Géographie et capital, vers un matérialisme historico-géographique, p.160.