Dans la série « Marchandisation du Monde », voici un nouvel épisode ! Un couple est en visite dans notre capitale, pour quelques jours. Après différents contacts, les deux personnes sont aiguillées vers une maison dans laquelle une chambre est libre pour les connaissances de passage. Tout se passe bien, le séjour est agréable, ils sont ravis.
En repartant le couple annonce à la maisonnée : « vous êtes les bienvenus chez nous, si vous passez par-là… ».
L’une des habitantes de la maison, précisément, doit se rendre quelques temps plus tard dans leur ville. Le jour dit, elle se rend donc vers la maison hospitalière et y dort quelques nuits, dans la chambre d’une colocataire absente. Charmante rencontre, l’hébergement mutuel se concrétise.
À la fin du séjour, cependant, surprise : on lui demande de payer une somme pour ces quelques nuits d’« accueil » ! Ha ? Bin oui.
L’accueil quelques jours dans une chambre, en retour de l’accueil quelques jours dans une chambre, de nos jours cela a un prix, semble-t-il. Après l’étonnement légitime, une discussion se tient, dont les termes se termineront, en substance, par : « Oui, mais c’est la chambre de ma colocataire. Tu aurais dormi sur le canapé, ça aurait été différent, mais là, tu as eu une chambre. Avec une porte. Qui ferme. » Ladite colocataire, habituée d’Airbnb, a intégré pour toujours que ses quelques mètres carrés sont capables à présent de lui rapporter de l’argent. Même sans passer par le site de la multinationale américaine, les rapports sociaux sont transformés et commercialisés. La convivialité, c’est fini. Tout peut donc être marchandise.
Vraiment, une époque formidable.
Gérald Hanotiaux