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À la découverte du Maelbeek disparu

Des travaux de construction d’un immeuble se déroulent actuellement, dans le bas du site classé du parc Léopold (friche Eggevoort), dans le lit majeur du Maelbeek. Les travaux ont été interrompus pour permettre une reconnaissance archéologique. Mais le temps presse, le chantier doit avancer. Fera-t-on ce qu’il faut pour retirer toutes les informations de notre si précieux sous-sol ?

Pendant l’occupation de la friche située entre la tour Eggevoorde et l’avenue du Maelbeek, le collectif PUM (Projet Urbain Maelbeek) a pris conscience de l’importance archéologique du site. Lors de la Commission de concertation (13/11/2015) relative à la construction d’un nouvel immeuble de logement, le département des Monuments et des Sites avait alors assuré qu’une campagne de fouille serait menée avant les travaux 

« Considérant la situation des parcelles concernées dans l’emprise de la seigneurie d’Eggevoorde et plus particulièrement la tour d’Eggevoorde, il convient de permettre à la cellule Archéologie de la Direction des Monuments et Sites d’organiser un suivi archéologique des travaux accompagné, le cas échéant, d’une éventuelle fouille archéologique complémentaire ».

Dessin de François Derons (1749) : vue du Village d’Etterbeek à partir de la chaussée de Wavre au droit de l’actuel Musée des sciences naturelles de Belgique.
 

Mais aujourd’hui les pelleteuses ont mis à découvert sans précaution une partie du site dont la potentielle richesse archéologique est remarquable. À la suite des premiers ouvrages de drainage initiés au Moyen Âge par l’abbaye de la Cambre, pisciculture, minoterie, villégiature, brasserie, tannerie, toutes sortes d’activités se sont installées le long du Maelbeek aux abords d’un réseau complexe d’étangs et de canaux. Quand l’urbanisation des anciens villages (Ixelles, Etterbeek, Saint-Josse, Schaerbeek) est devenue trop importante, notre petite rivière bruxelloise a été enterrée et ses eaux renvoyées dans le réseau d’égout.

Au moment où l’Association du Quartier Léopold s’est alertée, les travaux ont été interrompus, un décapage sur 50 cm doit être réalisé, ce qui permettra de découvrir d’éventuelles structures supplémentaires et d’investiguer le terrain après les congés de fin d’année. Mais le temps presse, le chantier doit avancer. Fera-t-on ce qu’il faut pour retirer toutes les informations de notre si précieux sous-sol ?

Dans un Quartier Léopold en train de devenir européen, être attentif à la mémoire du passé est devenu d’autant plus important que les terrains non construits susceptibles de nous fournir des traces historiques sont devenus rares. Dans un contexte réglementaire qui affaiblit la protection du patrimoine et la participation à Bruxelles, il est devenu important que les habitants se mobilisent là où la Région semble se désinvestir au profit d’acteurs économiques pressés et peu attentifs au génie des lieux.

L’AQL appelle donc les administrations publiques de la Ville et de la Région à réaliser une enquête archéologique préventive sur l’ensemble du site en friche de la tour Eggevoort tant qu’il en est encore temps.